L’ESPACE PICTURAL, l’espace d’un tableau, n’est pas une portion d’espace, mais un mode de l’apparaître. Les formes et les modalités historiales de l’apparaître, de la « venue à soi du visible », de l’ex-ercice et de l’ek-stase du regard à même les choses, sont cela même que l’espace du tableau, chaque fois de façon singulière, met en œuvre.
De l’eidos de l’espace pictural comme mode de l’apparaître on tente ici l’explicitation, grâce à des réseaux de concepts élaborés par Husserl ou Heidegger, Merleau-Ponty ou Henri Maldiney. L’éclatante singularité des œuvres – l’espace de la diminutio de Paolo Uccello et Piero della Francesca, les paysages de Caspar David Friedrich, les constructions cubistes de Braque et Picasso, la composition de l’espace abstrait de Kandinsky et enfin les peintures noir-sur-noir de Pierre Soulages – qui font l’objet des études rassemblées ici, donne lieu et puissance à une phénoménologie de l’espace pictural.
La seconde édition, présentée ici, est augmentée d’un chapitre inédit : « Une polyphonie picturale : Paul Klee et le rythme ».