Postface de Renaud Barbaras
Le projet phénoménologique de Jan Patočka peut être lu comme une tentative de récupérer ce qui, de la Physique d’Aristote (que Heidegger appellait le « livre caché de la philosophie occidentale »), a été oublié par l’histoire de la philosophie. Notre ouvrage se concentre sur un des résultats les plus aristotéliciens de Patočka, que l’on pourrait résumer ainsi : le mouvement est phénoménologiquement et ontologiquement premier.
Mais si le mouvement est premier, cela veut dire que les extases et les déterminations du mouvement ne sont, elles, que secondaires, c’est à dire phénoménologiquement et ontologiquement dérivées. La matière et la forme (du monde), l’acte et le possible, le temps et l’espace, l’hypokeimenon (le corps et le sujet) sont secondaires, car sédimentés, déposés par le mouvement, et ne s’éclairent donc fondamentalement que par leur reconduction au mouvement. C’est une telle reconduction que nous avons tâché d’accomplir à chaque étape de notre analyse.