En prenant pour thème directeur la question des passions, cet ouvrage ancre la réflexion sur les gouvernants et les gouvernés dans l’anthropologie mécaniste, montre comment l’estime dévoyée de soi fomente une injustice nécessaire dont il faut partir pour repenser le vivre-ensemble de façon pragmatique, thématise l’efficacité politique d’une rhétorique soucieuse d’utiliser les affects des lecteurs en se gardant de sombrer dans la tyrannie des esprits, et interroge la fécondité d’une analyse physique de la structure des passions pour fonder une politique réaliste ne perdant jamais de vue l’idéal généreux.
Le matériau de cette étude n’est donc pas seulement à chercher dans les textes « officiels » de Descartes (le Discours de la méthode, les Méditations Métaphysiques, les Principes de la Philosophie et les Passions de l’âme), mais également dans les textes inachevés et posthumes, dans la correspondance et dans les dossiers de la Querelle d’Utrecht et de la Disquisitio Metaphysica. Car c’est exemplairement lorsque la philosophie décide de descendre dans l’arène de la polémique qu’elle manifeste sa dimension politique de part en part.