L’installation de Juifs andalous en pays d’Oc est une donnée classique et connue.
En butte aux persécutions des Almohades, ces adeptes d’un Islam rigoriste, des familles juives du sud de la péninsule Ibérique vinrent se réfugier en Languedoc, au moment même (années 1140) où Maïmonide et les siens trouvaient asile pour d’identiques raisons à Fès, puis en Égypte.
Ainsi, la ville de Lunel accueillit l’aîné d’un lignage fameux (quatre générations de savants, penseurs, traducteurs de l’arabe en hébreu) qui allait introduire en terre languedocienne, et sous l’impulsion incitative de lettrés locaux, un vaste savoir d’expression arabe.
Dans cette dynamique s’inscrivit la traduction, dans le midi de la France, du « Guide des Perplexes » de Maïmonide par Samuel ibn Tibbon, le fils du réfugié de Grenade. L’engouement local, dans les collectivités juives languedociennes, pour la pensée rationalisante de Maïmonide, et par extension pour la philosophie, les sciences profanes, fut tel qu’il effaroucha les esprits conservateurs soucieux de l’intégrité de la religion et de la tradition juives. Débat houleux qui généra conflits, clivages et scissions, controverses puis excommunications en deux temps. Montpellier se trouva au cœur des polémiques.
Cette célébration du huitième centenaire de la mort de Maïmonide n’a sans doute pas été la seule en 2004. En revanche, inscrite dans une toile de fond qui situe la place fondamentale de « l’École juive de Lunel » dans la diffusion occidentale de la pensée philosophique de Maïmonide écrite en langue arabe, et restituée à l’hébreu ici dans les terres du Midi, une telle commémoration montpelliéraine, organisée par la Nouvelle Gallia Judaica en partenariat avec l’Institut universitaire euro-méditerranéen Maïmonide, a pris tout son relief.