Colloque international organisé par Magali Bessone (ISJPS-CPCS-Nosophi)
RÉFLEXIONS SUR UN RAPPORT SOCIAL
Vendredi 4 octobre 2019
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
12 place du Panthéon, Paris 5e
Centre Panthéon, salle 6
Le colloque envisagé, consacré aux « Whiteness Studies » et à leur difficile réception française, autour de la présentation de deux livres de George Yancy (Emory University), Look, A White! Philosophical Essays on Whiteness (Temple University Press, 2012) et Black Bodies, White Gazes: The Continuing Significance of Race in America, Second Edition (Rowman & Littlefield, 2017), a pour enjeu de renverser l’idée trop souvent admise selon laquelle la « question raciale » n’a d’intérêt conceptuel et normatif que pour les groupes minoritaires. Dans une perspective constructiviste, si le concept de « race » et les catégories associées peuvent être pertinentes pour l’analyse de notre monde social, c’est parce que les groupes sociaux qui forment notre société ne sont pas des donnés, des ensembles substantiels, homogènes, cohérents, toujours déjà là, mais qu’ils existent et sont construits dans et par des relations ou des interactions réciproques, des « rapports sociaux » qui constituent les groupes comme différents et les situent dans des positions inégalitaires ou une hiérarchie de statuts. Une telle approche permet de dénaturaliser et d’historiciser les catégories et de travailler les relations socio-politiques qui produisent des groupes majoritaires et minoritaires.
À ce titre, l’étude des majoritaires dans notre société est tout aussi fondamentale que celle des minoritaires. Il est important de pouvoir mettre en évidence le fait que des groupes sociaux sont racisés, c’est-à-dire placés en position subordonnée ou privilégiée dans de nombreux domaines sociaux, juridiques, politiques, économiques – la position privilégiée bénéficiant notamment du « privilège » de ne pas se percevoir comme racisée et de se voir réservées les ressources socio-politiques et épistémiques de la racisation. Ce qui distingue ce processus d’autres phénomènes de production du désavantage ou du privilège (par les rapports sociaux de genre, de classe, par exemple), c’est que les groupes racisés le sont via l’usage de deux facteurs : d’une part, un repérage corporel (l’appartenance raciale se voit ou s’imagine, se projette, dans les corps) ; d’autre part, l’inscription de ces caractéristiques corporelles dans une filiation ou un héritage ancestral à la fois biologique et culturel. Les groupes racisés le sont ainsi à la fois en raison de leur visibilité (réelle ou imaginaire) et de leur généalogie. C’est à ce titre que l’on peut parler de blancs ou de noirs : parce que ces termes désignent des statuts sociaux, dont il s’agira ici d’explorer les modalités de construction et de manifestation.
Programme de politique scientifique Paris 1 « Justice sociale et philosophie critique des races et des racismes »
9h15 : accueil
9h30 – 11h00 : Conférence de George Yancy (Emory University) : The End of White Innocence
Répondante : Magali Bessone (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
11h00 – 11h15 : pause café
11h15 – 13h00 : Première session : Les constructions différenciées de la condition majoritaire Présidente de session : Magali Bessone (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Sylvie Laurent (Sciences Po Paris) : Aggrieved Whiteness : the New Skin of White Supremacy
Juliette Galonnier (Sciences Po Paris) : Becoming Muslim and Becoming White.
Conversion to Islam and the discovery of whiteness in France and the United States
Jules Salomone (The Graduate Center CUNY) : Whiteness, Guilt and Shame
13h00-14h30 : déjeuner
14h30 – 15h45 : Deuxième session : « Whiteness » et « Blanchité » : la condition blanche en context français.
Président de session : Daniel Sabbagh (Sciences Po Paris)
Sarah Mazouz (CNRS, CERAPS) : Frenchness as a White Citizenship
Ary Gordien (Université de Paris) : Béké, blan péyi or blancs créoles? Self-identifying and being identified as a descendant of colonist in Guadeloupe.
15h45 – 16h00 : pause café
16h00 – 17h45 : Troisième session : Le féminisme a-t-il une couleur ?
Présidente de session : Marie Garrau (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Mickaelle Provost (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne) : Toward a Phenomenology of Whiteness : some reflections on feminist epistemology
Eléonore Lépinard (Université de Lausanne) : Whiteness and the Moral Borders
of Feminism
Alexandrine Guyard-Nedelec (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : From feminism to reproductive justice: questioning the colour-blindness of the fight for reproductive rights and its implications for non-white women
NB : les présentations et discussions se dérouleront en anglais.