On se propose ici de caractériser les projets philosophiques de Husserl et de Heidegger comme des essais d’une phénoménologie de la possibilité. Il s’agit, ce faisant, de démontrer la pertinence d’un concept phénoménologique de possibilité, qui ne se confond ni avec le concept métaphysique ni avec le concept modal, et d’en dégager les marques distinctives. Il apparaît ainsi que, dans ses percées inaugurales, la phénoménologie non seulement renverse le primat traditionnel de l’effectif sur le possible, mais accomplit le dépassement de leur opposition statique, pour mettre au jour leur coappartenance et leur coengendrement dynamique. Si donc, pour la phénoménologie, « plus haut que l’effectivité se tient la possibilité » – selon le mot célèbre de Heidegger –, c’est dans la mesure où elle découvre l’entrelacement de l’effectif et du possible à même le réel et en fait une donnée primordiale, pour déterminer le réel lui-même à partir de la prégnance du possible.
Claudia Serban : Phénoménologie de la possibilité : Husserl et Heidegger
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