Philosophe génial et inclassable, Wittgenstein continue aujourd’hui encore à fasciner et, malgré la quantité considérable d’études qui lui ont été consacrées depuis un demi-siècle, son œuvre et sa pensée conservent une part irréductible de mystère. Celui qui désirait rester dans l’histoire comme l’homme « qui a brûlé la bibliothèque d’Alexandrie » — c’est-à-dire qui a mis un terme à la « grande philosophie occidentale » —, comme il le confiera un jour dans un manuscrit, est d’abord un penseur acharné remettant sur le métier, jour après jour, avec une obstination confinant à l’obsession, les mêmes problèmes. Un philosophe sans concessions, refusant toute facilité et exerçant sur lui-même son impitoyable esprit critique.
Ce volume s’efforce de rendre compte des différentes facettes de son œuvre en rassemblant des études rédigées à l’origine en différentes langues — pour les unes déjà classiques, pour les autres inédites —, et en laissant la place aux controverses exégétiques qui ont émaillé sa réception, à commencer par celle intervenue ces vingt dernières années entre les tenants du « New Wittgenstein » et les partisans de la lecture orthodoxe. Les contributeurs montrent l’actualité de Wittgenstein pour la philosophie en général, bien au-delà du cercle de ses disciples et par-delà le clivage, peu pertinent pour appréhender sa pensée, entre philosophie continentale et philosophie analytique.