Découvrir la noblesse de l’odorat, tel est le but de ce livre, qui fait d’un sens négligé un objet de réflexion à part entière. Chantal Jaquet remet ici en cause les préjugés sur l’odorat comme sa prétendue faiblesse, son caractère primitif, incommode ou immoral. Elle montre le rôle décisif des odeurs dans la constitution de la mémoire et de l’affectivité comme dans la construction de l’identité et de l’altérité.
Cette réhabilitation de l’odorat se fonde sur la promotion d’un véritable art olfactif qui dépasse le simple usage cosmétique des parfums et substitue le « sentir beau » au
« sentir bon ». L’élaboration d’une esthétique olfactive repose alors sur la recherche des expressions artistiques de l’odeur, aussi bien dans la littérature de Huysmans, Balzac ou Proust, que dans la musique de Debussy, la peinture de Gauguin ou l’art contem porain.
Exprimant l’idée dans l’odeur, cette esthétique olfactive sous-tend depuis longtemps la spéculation philosophique en offrant des modèles de pensée d’un réel invisible et volatil. Ainsi se fait jour la manière dont l’esprit nous vient aussi du nez.