Du Piss Christ de Serrano à Plateforme de Houellebecq, en passant par l’œuvre intitulée Lego Concentration Camp Set de Zbigniew Libera ou aux plastinisations de cadavres de Von Hagens, les relations de l’art et de l’éthique apparaissent bien comme l’inévitable horizon de questionnement suscité par certains devenirs contemporains de l’art. Mais peut-on juger d’une œuvre au nom de l’éthique ? Non, répond la doxa contemporaine qui considère l’art, absolutisé par le romantisme et déclaré souverain par l’École de Francfort, comme une valeur inquestionnable. Oui, affirment ceux qui ne croient pas en l’extraterritorialité de l’art. L’ouvrage prend, par rapport aux polémiques qui s’ensuivent, le recul de la réflexion. Il montre à travers l’étude de trois grandes configurations historico-conceptuelles que cette question de savoir si l’éthique doit se prononcer sur l’art est solidaire de celle de savoir si l’art doit
se préoccuper d’éthique (que cela soit pour servir la morale ou pour la transgresser), et que toutes deux impliquent la question de savoir si l’art peut (par quels moyens et dans quelle mesure) quelque chose pour (ou contre) l’éthique. Car seul un détour par l’histoire et par le concept permet de comprendre ces polémiques et de prendre position dans un débat crucial pour notre présent.