Dans son dernier ouvrage, L’Appartenance. Vers une cosmologie phénoménologique, Renaud Barbaras propose de considérer, pour la première fois, l’appartenance au monde comme le sens d’être de tout étant, y compris des consciences auxquelles celui-là paraît. En conférant à l’appartenance le statut de fait primitif ou de phénomène originaire, l’auteur la comprend comme la modalité d’être véritable de la corporéité et non plus comme ce qui en procéderait : c’est, non pas parce que nous avons un corps que nous appartenons au monde mais, bien plutôt, dans la mesure où nous appartenons au monde que nous avons un corps. Une telle perspective ne saurait être sans retentissement sur le statut de ce monde dont tout étant fait partie. Il ne peut être le sol véritable de l’étant qu’en tant qu’il en est la source, cette puissance originaire dont tout mouvement procède, de sorte qu’il donne lieu à sa propre phénoménalisation. La philosophie de l’appartenance débouche donc sur une cosmologie phénoménologique pour laquelle la présence du monde dans l’étant est nécessairement présence du monde à l’étant. Ainsi, en envisageant l’appartenance d’une façon renouvelée, l’auteur produit vis-à-vis du dispositif mis en œuvre dans ses ouvrages précédents un déplacement à la fois infime et considérable. La radicalité et la systématicité de l’entreprise exigeaient bien tout un livre pour en parler, en déplier les nombreuses chicanes et donner à lire les échanges entre Renaud Barbaras et toute une génération de phénoménologues formée à son contact.
Camille Riquier et Charles Bobant (dir.) : Donner lieu. Conférences et débats sur la cosmologie phénoménologique de Renaud Barbaras
Posted in Brèves, Philosophie contemporaine and tagged Editions des compagnons d'humanité, Phénoménologie, Philosophie contemporaine, Renaud Barbaras.