Pressentie en Russie par Tolstoï, forgée en Inde par Gandhi puis en Amérique du Nord par Martin Luther King, la non-violence, comme logique de luttes contre l’injustice et la domination, a essaimé au XXe siècle un peu partout dans le monde. Pourquoi demeure-t-elle si peu connue et si peu pratiquée en France, alors qu’elle est la seule forme de luttes qui cherche à conjoindre l’aspiration morale avec l’efficacité à long terme? Sans doute n’a-t-on pas assez éclairé les liens intimes unissant la non-violence avec les grands thèmes de notre tradition occidentale : le langage, le travail, la famille, le lien social, le pouvoir, la dignité humaine, la reconnaissance mutuelle. Les études ici retenues, diverses par leur occasion mais convergentes au long d’une interrogation obstinée, cheminent en conversant avec plusieurs des philosophes de l’action, – les plus classiques, Aristote, Machiavel, Hobbes, Kant, Hegel, Weber, … comme nos contemporains, H. Arendt, G. H. Mead, E. Weil, H. Jonas, E. Levinas, J. Rawls, A. Honneth, P. Ricoeur, … Attachés à la clarté de l’exposition autant qu’à la rigueur de la pensée, ces parcours éclairent l’un de ces paradoxes qui font l’être humain : il est le seul être capable de violence, et pourtant la violence est totalement indigne de lui.
Bernard Quelquejeu : Sur les chemins de la non-violence
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