Le Timée est incontestablement le dialogue de Platon le plus cité dans l’Antiquité, le plu lu et le plus commenté. Tenu pour la “bible” des médio-platoniciens, il a joui d’une faveur extraordinaire, comme en témoignent les multiples commentaires qui ont vu le jour dans la pensée grecque, de Crantor à Proclus. Cette abondance d’études s’explique par deux raisons principales, intimement liées. D’un côté, le Timée, récit qui traite de la “création” du monde et de celle de l’homme, est un texte difficile, exemple paradigmatique de l’obscurité que les auteurs anciens attribuaient à Platon, de l’autre, en proposant un modèle d’univers physique, il se présente comme un traité de cosmologie, le premier en fait à nous être parvenu, et offre une véritable somme des connaissances humaines où interviennent également la psychologie et la métaphysique, une encyclopédie scientifique dont la brièveté même exigeait d’emblée des éclaircissements et des explications préliminaires pour qui ne possédait pas une solide culture scientifique. Ce qui ressortit à la cosmogonie et à la psychogonie est en effet associé aux quatre sciences “mathématiques” (arithmétique, géométrie, musique, astronomie), et pour ce qui se rapporte à l’homme et à l’anthropologie le texte platonicien fait intervenir en outre des sciences comme l’optique ou la médecine. On peut donc comprendre que le caractère “mythique” de l’énoncé et sa dimension scientifique aient constitué autant d’éléments de nature à désarçonner un lecteur non averti. L’importance de cet écrit explique par ailleurs qu’on en trouve de très nombreuses traces dans le monde latin, notamment médiéval, où les traductions fragmentaires et les commentaires sur le Timée servent, entre autres, à l’exégèse biblique. De surcroît, à la Renaissance l’Occident retrouve l’héritage hellène, et les humanistes ont à leur disposition les traditions grecque et latine du “dialogue”. C’est plus précisément ce moment de rencontre des deux traditions et de bouillonnement intellectuel que l’on interroge dans le présent recueil, autour d’un ouvrage qui aborde de nombreux champs de la philosophie, mais aussi de la science.
Peeters – Philosophes médiévaux
336 pages – 16 × 24 cm
ISBN 978-90-429-3219-7 – octobre 2016