L’ordinaire vaut comme marque de fabrique de l’art contemporain. Il a forcé la serrure des institutions muséales pour donner une nouvelle définition de l’œuvre. Il a produit un nouveau régime esthétique, inventé un nouvel espace d’exposition et proposé des pratiques de production plus proches de l’humanité. Dès lors, quel statut donner à toutes ces expériences diffuses, infimes, à l’apparence mineure et insignifiante, dont l’art se nourrit maintenant ? Quelle définition donner de ce nouveau régime esthétique ? Et quel rôle faire jouer à la vie ?
Loin de toute glorification du banal, cette nouvelle esthétique se veut avant tout pragmatiste en restant fidèle aux œuvres et aux idées des artistes : la peinture hollandaise dès le XVIIe siècle, le ready-made duchampien, le collage, la danse postmoderne, la performance, les happenings et Fluxus à l’époque contemporaine, autant de mouvements qui invitent à remettre en question l’idée d’un contraste entre l’art et la vie. Les gestes ordinaires y deviennent des chorégraphies, des protocoles d’action, des règles de conduite où l’esthétique s’identifie à l’expérience, à la fois familière et étourdissante, qui se trouve à mi-chemin entre la vie et l’art.