Arno Münster rend ici hommage à l’œuvre d’André Tosel, dont on s’étonne qu’elle n’ait pas davantage été connue. Il la critique aussi bien, en toute amitié, depuis les points de vue qui lui sont propres, poursuivant en somme ce qui a lié essentiellement leurs deux pensées et les a parfois opposés, des années durant.
André Tosel (1941-2017) fut par excellence un intellectuel organique au sens donné par Gramsci. Militant pour une part, et pour l’autre, auteur d’une œuvre singulière et riche, nourrie de Spinoza, de Marx et de Gramsci – dont il fut l’un des spécialistes français. Œuvre tout entière tournée vers une refondation non-dogmatique de la théorie marxienne de la révolution et vers l’élaboration d’une définition actualisée et rénovée de l’émancipation, maître-mot sans doute de sa pensée. Émancipation juridique (de l’État « pénal » plus que de droit), sociale (de l’impératif systémique capitaliste), politique (de la « démocratie-régime », en réalité un « libéral-totalitarisme ») et religieuse (repensant les conditions de la laïcité, autre maître-mot de cette œuvre, contre le ré-enchantement métaphysico-religieux).
Arno Münster rend ici hommage à une œuvre dont on s’étonne qu’elle n’ait pas davantage été connue, qui doit l’être plus et mieux, et qui la critique aussi bien, en toute amitié, depuis les points de vue qui lui sont propres, poursuivant en somme ce qui a, des années durant, lié essentiellement leurs deux pensées et les a parfois opposés.
Philosophe et spécialiste de la philosophie politique contemporaine, Arno Münster est un disciple d’Ernst Bloch, dont il a écrit la biographie (L’Utopie concrète d’Ernst Bloch, Kimé, 2001). Il est, aux éditions Lignes, l’auteur de André Gorz ou le socialisme difficile (2008) et de Pour un socialisme vert (2012), ainsi que l’éditeur de Ernst Bloch, Rêve diurne, station debout & utopie concrète (2016).