« Nous sommes prisonniers de l’avenir et de nos rêves : à force d’attendre des lendemains qui chantent, nous perdons la seule vie réelle, qui est d’aujourd’hui. “Ainsi nous ne vivons jamais, disait Pascal, nous espérons de vivre…” C’est le piège des religions, avec ou sans Dieu : l’espoir est l’opium du peuple.
Pourtant il faut vivre et lutter : monter “à l’assaut du ciel”, même si ce ciel n’existe pas. Tel est le défi aujourd’hui du matérialisme philosophique, tel qu’Icare a paru pouvoir le symboliser. Matérialisme ascendant, donc. Il s’agit d’être athée sans être indigne. Il nous faut pour cela inventer – ou réinventer – une sagesse sans mystification ni lâcheté : une sagesse du désespoir. Ici, maintenant : une sagesse pour notre temps. »
(André Comte-Sponville)
Publié initialement en deux volumes dans la collection « Perspectives critiques » (Le mythe d’Icare et Vivre), ce Traité du désespoir et de la béatitude demeure une œuvre de référence des études de philosophie. L’auteur y préconise l’invention d’une éthique matérialiste adaptée à notre temps, pour rompre le cycle de l’espérance et du désappointement, à l’origine du mal-vivre.