Dans les années 1970, lorsqu’on demandait « qui parle ? », il s’agissait de questionner les sciences et leurs procédures, la légitimité des autorités, le fondement des identités, les institutions représentatives et jusqu’à l’histoire du cinéma ou de la littérature. Mais aujourd’hui, à l’âge de l’Anthropocène, la voix silencieuse du monde a rattrapé les humains.
Poser la question « Qui parle ? » signifie désormais élargir la scène des savoirs et de la politique à tous ceux qui, parce qu’ils ne disposaient pas de la parole, ne pouvaient y être inclus – animaux, végétaux, objets ou machines. Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós répondent à cette question par un manifeste pour une politique du silence qui est aussi bien une cartographie de ses moyens possibles : celle des procédés de traduction, des formes nouvelles de citoyenneté, d’écodiplomatie, d’attention ou de porte-parolat avec lesquels militants, artistes et penseurs cherchent à donner une voix à ce qui n’en a pas.