Levinas a cherché à ériger l’éthique en « philosophie première ». Comment ce projet est-il conciliable avec la méthode phénoménologique dont il s’est toujours inspiré et dont il est resté tributaire tout au long de sa vie? L’auteur essaie d’y répondre en mettant en évidence ce qu’il appelle une phénoménologie « sans phénoménalité ». Celle-ci s’inscrit expressément dans la tradition de la phénoménologie transcendantale que Levinas prolonge et actualise en promouvant un concept inédit du transcendantal (conçu comme « conditionnement mutuel du constituant et du constitué »). Au sommet de cette phénoménologie est l’« épiphanie du visage », manifestation d’une altérité radicale qui confère le sens à l’apparaissant sur un mode non intentionnel et non phénoménal. C’est autour du visage que s’articulent les « catégories » fondamentales de son parcours : jouissance, demeure, possession, féminité, amour, érotisme, fécondité, etc. Le présent ouvrage qui s’appuie essentiellement sur le premier chef d’œuvre de Levinas (Totalité et infini, paru en 1961) tente d’éclaircir ces concepts, tout en exposant les idées directrices de la philosophie lévinassienne de la subjectivité, de la transcendance, du langage, du temps et de la vérité.
Alexander Schnell est maître de conférences d’histoire de la philosophie contemporaine à l’Université de Paris-Sorbonne