Depuis la Grande discorde (al-fitna al-kubrā), l’islam eut ses schismes et ses divergences aux conséquences redoutables : la pénalisation de fait de l’interprétation, ce qui soulève aussi le grave problème de l’exclusion. Le Critère décisif entre l’islam et l’incroyance de Ghazālī ne suspend pas les dispositions légales du dogme, mais se veut une approche éclairée de la divergence doctrinale. Sans prôner la coexistence libérale des sectes, Ghazālī affirme que le désaccord n’est pas incroyance et que le nazar (analyse théorique) est l’antidote du fanatisme.
En élargissant le champ interprétatif, devenu coextensif aux cinq catégories d’existence (essentielle, sensible, imaginare, rationnelle et métaphorique), Ghazālī eut indéniablement un projet « consensuel » dont les philosophes, les sūfīs anomiques et les bātinites étaient néanmoins écartés.
Si l’on juge que sa rigueur vis-à-vis des incroyants véritables est suffisamment tempérée par son exaltation de la miséricorde infinie de Dieu, on peut estimer que Ghazālī se tient au seuil de la reconnaissance d’autrui.
Méticuleusement vocalisé, le Faysal jouit d’une parfaite lisibilité : l’islamologue peut apprécier le style de Ghazālī et analyser son lexique, et l’arabisant utiliser le texte pour la grammaire et les versions.
Texte édité et traduit par Mustapha Hogga, précédé d’une étude « La métaphore, ultime protection de la vérité révélée »