Nicolas de Cues (1401-1464) marqua de son empreinte la pensée européenne, de la Renaissance à l’époque moderne.
Lecteur assidu de la tradition philosophique de l’Antiquité et du Moyen Âge, curieux de science, de médecine et des arts, Nicolas de Cues rédigea notamment La Docte Ignorance, Les Conjectures, La Pensée, La Paix de la foi et La Vision de Dieu.
Nous proposons ici un ensemble cohérent et très largement annoté de textes de la philosophie tardive du Cusain : Le Dialogue à trois sur le Pouvoir-est, La Chasse de la sagesse, Le Compendium et La Cime de la contemplation.
Avec l’invention du néologisme pouvoir-est, Nicolas de Cues développe une philosophie du pouvoir et de la puissance qui lui permet de résoudre, tant d’un point de vue ontologique que gnoséologique, les difficultés nées de ses thèses infinitistes antérieures. Il cherche à éviter l’aporie aristotélicienne entre l’infinité du possible, requise par la toute puissance de Dieu, et l’actualité finie de la création. La puissance divine se révèle successivement comme pouvoir-est, pouvoir-faire et pouvoir-même. Nicolas de Cues initie ainsi une métaphysique de l’expression qui trouve son plein essor chez Giordano Bruno qui le copie abondamment, puis chez Spinoza et Leibniz.
Rédigée à la lecture de Diogène Laërce, La Chasse de la sagesse, véritable testament philosophique, permet en outre de ressaisir l’ensemble des principales intentions du Cusain : sa conception augustinienne de la philosophie comme recherche et théorie de l’unité, sa doctrine de la participation à l’un, le dernier développement de son principe de la coïncidence des opposés, un dernier infléchissement de sa pensée de l’intellect, et sa compréhension de la nomination.
BIOGRAPHIES CONTRIBUTEURS
Nicolas DE CUES
Né à Cues en Moselle, Nicolas Krebs, dit Nicolas de Cues, fut évêque, puis cardinal. Son œuvre est d’une importance telle que Descartes le cite comme un des précurseurs de la pensée scientifique moderne. Juriste, philosophe, théologien, mathématicien, diplomate, il s’est illustré dans bien des disciplines. Après avoir écrit la Concordance catholique (1433-1434), où il s’efforçait de donner des objectifs précis au concile de Bâle auquel il participait, Nicolas de Cues a écrit un ouvrage capital, La Docte Ignorance (1440), dans lequel il montre que le savoir humain est marqué par une limite constitutive qui doit devenir de plus en plus évidente avec l’avancée des connaissances : le sommet de la connaissance humaine est un savoir conscient de son ignorance, que ce soit en métaphysique, en philosophie de la nature, en mathématiques ou en théologie.
Jocelyne SFEZ
Ingénieur et docteur en philosophie, membre de l’ERIAC, Jocelyne Sfez est professeur de philosophie au lycée et chargée de cours à l’université de Rouen et à l’université Jean-Moulin à Lyon. Elle poursuit actuellement ses recherches sur les sources du Cusain et sur sa réception. Elle a notamment publié L’Art des conjectures de Nicolas de Cues (2012) et traduit Les Conjectures de Nicolas de Cues (2011).