Un vieil adage alchimique prescrivait de rendre le fixe volatil, puis de répéter cette opération dans l’autre sens. Le fixe, ici, ce sont les faits établis par la recherche historique.
Le volatil, ce sont les légendes et les préjugés qui ont si longtemps obscurci l’histoire de l’alchimie et de l’ancienne chimie.
L’œuvre de Paracelse (1493-1541) marque le point de départ d’un long processus qui aboutira, un siècle et demi plus tard, à l’émergence de la chimie clairement conçue comme une discipline scientifique autonome.
Pour autant, la chimie n’est pas fille de Paracelse. Elle n’est pas davantage l’aboutissement logique de l’alchimie : elle en est issue de façon indirecte, et il fallut attendre la révolution chimique de Lavoisier (1787-1789) pour la consacrer définitivement, imposant désormais la chimie aux yeux de tous comme une science incontournable dans les efforts de l’homme pour comprendre la nature. Exposer cette histoire, c’est d’abord montrer ce que fut l’alchimie médiévale. C’est ensuite exposer tous ses développements à l’époque moderne, et la façon paradoxale dont, malgré son déclin tout au long du xviiie siècle, l’alchimie résista à tous les essais de réfutation jusqu’à Lavoisier.
Un ouvrage à rebours des idées reçues.
Didier KAHN
Directeur de recherche au CNRS, Didier Kahn est notamment l’auteur d’Alchimie et paracelsisme en France à la fin de la Renaissance (2007), de La Messe alchimique attribuée à Melchior de Sibiu (2015) et d’une édition annotée du Comte de Gabalis, ou Entretiens sur les sciences secrètes de Montfaucon de Villars (2010).