Dans la tradition universitaire et savante, la distinction perdure entre un Port-Royal littéraire et théologique et un jansénisme contestataire postérieur à la destruction du monastère et à la publication de la bulle Unigenitus. Le découpage chronologique, comme les traditions académiques, renforce cette distinction entre le XVIIe et le XVIIIe siècle : le premier étant l’apanage des spécialistes de la littérature, le second celui des historiens.
rganisé par la Société des Amis de Port-Royal et le laboratoire LIRE du CNRS, le colloque qui s’est tenu à Lyon, en octobre 2014, a pu montrer à quel point ce découpage et la vision de Port-Royal et du jansénisme qu’il induit sont tributaires du XIXe siècle. Ce siècle de grands débats a enrôlé, désigné ou dénoncé le souvenir du monastère. De la publication des Ruines de Port-Royal par l’abbé Grégoire jusqu’aux écrits d’Anatole France à l’aube du XXe siècle, en passant par l’œuvre monumentale de Sainte-Beuve, Port-Royal fut point de ralliement ou repoussoir mais n’a jamais cessé d’être présent dans les disputes, qu’il s’agisse de théologie, de politique, de littérature ou de philosophie. Si la dimension spirituelle a progressivement perdu de son acuité, les images, comme les toiles de Champaigne, les grandes figures, notamment Pascal, ou les productions savantes liées au monastère sont, quant à elles, passées dans le domaine public. Ce numéro entend contribuer à tirer le XIXe siècle des bas-côtés de l’historiographie port-royaliste, mieux, à l’installer au cœur d’une réflexion collective sur le rôle de cette époque dans la mise en place et la fixation des grands cadres mémoriels qui sont les nôtres aujourd’hui.
Port-Royal – Chroniques de Port-Royal
504 pages – 16 × 24 cm
ISBN 979-10-92360-02-8 – juin 2015