Les Thèses « Sur le concept d’histoire » de 1940 sont le dernier écrit de Walter Benjamin et constituent peut-être le document le plus significatif dans la pensée critique du XXe siècle. Texte allusif, sybillin, dont l’hermétisme est constellé d’images et d’allégories, semé de paradoxes, traversé d’intuitions. Ce livre en propose une étude au mot à mot. Là où d’autres ne voient que contradiction ou ambiguïté, il met en évidence une cohérence fondamentale, dont la clé est constituée par la fusion de trois discours hétérogènes : le romantisme allemand, le messianisme juif, le marxisme révolutionnaire. Echappant aux classifications dans lesquelles on a voulu le ranger, Benjamin est en cela un auteur qui dérange.
Michaël Löwy enseigne à l’EHESS. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages sur cette si particulière articulation entre romantisme et révolution qui s’incarne dans des auteurs tels que Kafka, Benjamin, mais aussi Bloch ou Lukács. Il a publié aux Editions de l’éclat, Juifs hétérodoxes, qui dresse le portrait d’un certain nombre d’entre eux.