Même s’il est « un autre », comme dit Rimbaud, le « Je » ou le « Moi » n’en demeure pas moins chaque fois lui-même. Or cet être-soi du Moi, à quoi tient-il ? Notre individualité est-elle fonction de la place que nous occupons dans l’espace et dans le temps ? Ou relève-t-elle de la façon dont la vie s’incarne en nous, c’est-à-dire de la manière affective et pulsionnelle dont notre corps s’éprouve dans la vie ?
Nombreuses sont les philosophies qui, au cours du vingtième siècle, ont conclu à l’inexistence du Soi en se réclamant de la pensée de Nietzsche. Pourtant il existe bel et bien chez Nietzsche une doctrine du Soi, mais d’un Soi dont aucun « contempteur du corps charnel » ne pourrait saisir la nature ni la portée. Il y aurait même chez Nietzsche quelque chose qui ressemble fort à une mystique du Soi.
C’est en mettant cette problématique en lumière que Paul Audi nous livre une passionnante vue d’ensemble de la pensée de l’auteur d’Ainsi parlait Zarathoustra, de laquelle il ressort que la question : « qui est l’homme ? » ne cessera jamais d’être un défi pour l’esprit.