Le Banquet des Cendres est le premier des trois grands dialogues métaphysiques de Giordano Bruno, dans lequel il expose, contre les partisans d’Aristote et de Ptolémée, et par-delà Copernic, ses conceptions cosmologiques. S’il défend l’hypothèse copernicienne au cours d’un banquet organisé en son «honneur» par les docteurs anglais le 14 février 1584, jour des Cendres, c’est surtout pour dénoncer la pédanterie et l’obscurantisme desdits docteurs, et c’est avant tout le Bruno «inventeur de philosophies nouvelles», comme l’appelle Joyce, qui apparaît ici. La dimension nouvelle qu’il introduit n’est pas tant d’ordre cosmologique ; elle regarde le traitement tout personnel qu’il fait de la connaissance humaine, sa capacité à «tout ébranler pour connaître l’innébranlable»; elle est dans la part qu’il accorde, dans ce bouleversement des idées reçues, à l’« imagination créatrice», ce qui a fait dire à Eugenio Garin qu’«il est probable que la compréhension exacte de la notion d’imaginaire (…) soit le secret, encore partiellement irrévélé, de la pensée de Giordano Bruno et d’une partie non négligeable du XVe et du XVIe siècles».
Condamné pour hérésie après huit ans de procès, Giordano Bruno est brûlé vif sur le Campo dei fiori à Rome, le 16 février 1600, laissant ce «secret» à lire pour les générations futures.
«Le Banquet des Cendres constitue un document vivant et de premier ordre sur les controverses philosophiques que provoqua l’oeuvre de Copernic dans la seconde moitié du XVIe siècle italien.» J. Seidengart (Revue de Synthèse).