Le scandale suscité en 2007 par la mise en cause de membres de L’Arche de Zoé dans une affaire de trafic d’enfants au Tchad a exacerbé la méfiance vis-à-vis des procédures d’adoption. Cette méfiance tra-duit une crainte plus diffuse à l’égard de l’adoption elle-même. En créant une filiation sans lien biologique entre parent(s) et enfant(s), l’adoption déconstruit les présupposés moraux à partir desquels il est possible de « faire famille » aujourd’hui.
Quel est le modèle de citoyenneté promu par l’État lorsqu’un enfant obtient la nationalité française par adoption ? Comment les travailleurs sociaux et les juges se représentent-ils les rôles parentaux ? Quelle place accordent-ils à l’acte procréatif, au genre et à la sexualité ? Quelle autorité les institutions tirent-elles de leurs interventions auprès des familles ? En éclairant ces enjeux, c’est la fabrique des futurs citoyens – les « enfants de la patrie » – qui se trouve interrogée.
Bruno Perreau : Penser l’adoption
Posted in Philosophie Politique and tagged Philosophie politique.