Le concept d’inconscient a fait son apparition dans la culture moderne en même temps que celui de conscience et comme son exacte conséquence : dès que l’essence originelle de la phénoménalité, révélée et occultée à la fois par Descartes dans le cogito, a été réduite à la représentation.
Pour autant que Freud emprunte explicitement son concept de conscience à cette tradition philosophique, l’affirmation que le Fond de la Psyché échappe à la phénoménalité ainsi entendue revêt une portée immense : elle pose, après Schopenhauer et Nietzsche, que la vie ne s’exhibe jamais dans l’Ek-stase où la pensée, depuis la Grèce, la cherche. Et si, faute de moyens appropriés, le freudisme fut contraint de rejeter dans un arrière-monde les formes élémentaires de l’expérience, si l’affect fut ramené à la pulsion, et la pulsion à un système énergétique conforme aux schémas scientifiques de l’époque, il reste possible de reconnaître, derrière ces constructions spéculatives, à travers ces emboîtements d’hypothèses à l’infini, la figure même de cette vie – la nôtre.
M. H.
Michel Henry : Généalogie de la psychanalyse
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