L’utopie, qui fait partie de l’imaginaire social, nous impose d’interroger les relations entre l’imaginaire et le réel. La vie sociale est perpétuellement productrice d’images qui à leur tour déterminent les contours de cadres à partir desquels les individus agissent, pensent et comprennent intuitivement le monde environnant. Autrement dit, la vie des hommes et des sociétés est le théâtre d’un nécessaire entremêlement d’imaginaire et de réalité. Cet imaginaire qui procède de la vie sociale relève à la fois de l’universel et du culturel : partout les êtres produisent de l’imaginaire, mais partout celui-ci est affaire de civilisation dans la mesure où il circule à travers l’histoire, les cultures et les groupes sociaux.
Force est de constater que le lieu de l’utopie est la ville, que les utopies sociales sont des utopies urbaines. En effet, les penseurs à l’origine des utopies ont tenté, dans une très large mesure, d’organiser rationnellement à travers le référentiel spatial urbain la vie sociale. Autrement dit, une utopie n’est-t-elle pas une entreprise d’organisation spatiale de la vie des hommes à partir de cette forme de vie humaine qu’est la ville? C’est dire si de ce point de vue l’utopiste commute : s’il transforme les rapports sociaux (les usages) en rapports spatiaux (en plans, en maquettes)
Jean-Marc Stébé : Qu’est-ce qu’une utopie ?
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