Les études rassemblées ici constituent, comme le titre qui leur est donné l’indique, la suite des Variations sur le sublime et le soi, parues aux éditions Jérôme Millon en 2010. Elles impliquent donc tout ce qu’implique une suite : reprendre des fils qui paraissaient encore trop flottants. Ces Variations II sont donc, au moins provisoirement, la fin d’un cycle commencé avec les deux volumes des Fragments parus chez le même éditeur.
On y retrouvera donc toute la difficulté qu’il y a dans la recherche de ce qui, en termes platoniciens (Timée, 27 d – 28 a), n’est jamais mais devient toujours, donc dans le dégagement d’un vraisemblable (eikos) mis en jeu dans l’infigurable qui cependant paraît, et ce, pris en un devenir sans archè ni telos, qui peut à tout « moment » avorter ou bifurquer. Passé le cap de ce qui relève plus ou moins de l’intentionnalité, le champ phénoménologique s’offre avec une complexité océanique (mouvante) mais non chaotique à la navigation du philosophe. La limite y est toujours instable, et même de plus en plus à mesure qu’on s’éloigne dans la haute mer, entre ce qui a quelque concrétude phénoménologique et ce qui, par défaut de contact avec celle-ci, en prend la place en tant que fictif répondant à notre irrésistible désir de figuration et de fixation – l’architectonique est l’instrument qui demeure pour cette étrange navigation.
Il n’en faut pas moins, sans doute, que cette sorte d’hybris, pour ouvrir à la philosophie une toute nouvelle carrière.
Marc Richir : Variations sur le sublime et le soi II
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