Bien que vivant au quotidien dans l’existence, nous n’avons que très rarement le « sentiment » de l’existence : nous faisons quelque chose, nous allons et venons, et par là faisons partie de ce tout qu’est l’existence sans toutefois y penser véritablement. A de rares moments cependant, contemplant un paysage du haut d’une montagne, regardant le ciel étoilé, nous réalisons non sans frissonner qu’une chose comme l’existence existe. Nous nous extirpons alors de l’affairement pour nous plonger dans l’intégralité de cette vaste existence : nous existons avec l’existence, non parce que le champ de notre vision se trouverait être considérablement élargi, mais parce que c’est le fait même d’embrasser l’espace qui nous libère et nous permet d’« entendre » ce passage de l’existence, son écoulement.
Traduction par Romain Otal
Alexandru Dragomir : Cahiers du temps
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