Paolo reprenait : « Une ère nouvelle est en train de naître. Les modernes vont gagner. Les artisans inventent des procédés inédits. Les artistes peignent comme jamais on n’a su peindre. Partout, en Italie, on construit des cathédrales et des palais d’une beauté inouïe. C’est la splendeur d’Athènes qui renaît ; les chrétiens d’aujourd’hui font revivre les Grecs d’autrefois. Dans moins de trente ans, peut-être, on découvrira un nouveau monde ! Te souviens-tu de notre discussion sur la route des Indes ? Je viens d’en parler avec mon confrère ici présent, Fernando Martins ; il est d’accord avec mes calculs ; nous sommes certains que le pays où poussent les épices se trouve à un tiers de la circonférence de la Terre par l’Ouest … » L’enthousiasme de son ami arracha un petit sourire fatigué sur le visage de Nicolas. Il regrettait, finalement, de ne pas voir la suite de cette époque. Il aurait tant voulu guider ces hommes modernes.
Dans cette nouvelle biographie romancée de Nicolas de Cues, Jean-Marie Nicolle, docteur en philosophie, spécialiste de Nicolas de Cues et agrégé de philosophie, nous présente un philosophe courageux n’hésitant pas à mettre à l’épreuve son principe philosophique – la coïncidence des opposés – pour en tester la validité dans une science – en l’occurrence, les mathématiques. Pendant 14 ans, de 1445 à 1459, Nicolas de Cues tenta en effet de résoudre le fameux problème de la quadrature du cercle. Le défi audacieux est suffisamment rare dans l’histoire de la philosophie pour mériter d’être raconté.