Lorsque la vérité n’est plus dicible, sous peine de censure ou d’accusation de révisionnisme, la parole, pour survivre au musellement ou à la langue de bois, est contrainte d’emprunter des voies parallèles ou souterraines permettant de suggérer ce qu’il devient dangereux d’énoncer. Pour échapper à la prison, à l’exil ou à l’internement, quels langages inventent les dissidents, les justes et les martyrs? Si le diable est le prince du mensonge, le Christ préfère s’exprimer en paraboles. De tout temps, artistes et penseurs témoignent de leur attachement à la vérité en inventant des formes et des contenus originaux : entre ruses, biais et détours ils font parler le silence, le sous-entendu et le demi-mot. Les contributeurs de ce volume enquêtent d’une part sur les moyens (esthétiques, stylistiques, rhétoriques) auxquels recourt la parole oblique pour dévoiler la vérité (politique, idéologique, religieuse, scientifique, militaire) que les tenants de la « vérité officielle » s’emploient à dissimuler, d’autre part sur les frontières (parfois floues) séparant connivence et complicité, collaboration et résistance, ainsi que sur le prix à payer pour simultanément sauver des vies et préserver la vérité. Les exemples sont puisés dans les différentes périodes de l’histoire, de l’Antiquité au XXe siècle, du double point de vue des lettres et des arts (y inclus le cinéma).
Pascale Hummel (dir.) : Paralangues. Études sur la parole oblique
Posted in Histoire de la Philosophie and tagged Histoire de la philosophie.