Depuis la publication posthume de ses textes à teneur strictement phénoménologique — et notamment du volumineux Description de l’homme —, nous sommes à mêmes de comprendre l’anthropologie philosophique dont Blumenberg a voulu enrichir la phénoménologie de son maître, Edmond Husserl. Apparaît ainsi une manière de philosopher tout a fait unique dans notre époque, qui libère en particulier de toute une série d’impasses dans lesquelles la philosophie européenne était engluée depuis près d’un demi siècle. (La pseudo majesté de la question dite de l’Être, ou de celle de l’être-pour-la-mort, s’en trouve volatilisée). La probité philosophique de Hans Blumenberg est une libération immanente par rapport à des problématiques englobantes et fausses, ce que s’attache à montrer la majorité des contributions de ce volume. De cette patience du philosopher, toujours au plus près de la description la plus minutieuse, se dégage alors un pan encore inédit de l’immense corpus blumenbergien : une sagesse qui semblait passée de mode. Blumenberg l’appelait sa para-éthique. C’est tout simplement une philosophie utile à la vie.