Ibn Bāğğa, dont le nom devint dans les traductions latines médiévales, Avempace, peut être considéré, même s’il eut des précurseurs, comme le fondateur de la tradition philosophique aristotélicienne dans l’Espagne musulmane au début du XIIe siècle. Il est à l’origine du mouvement qui aboutira, en moins d’un siècle, à l’admirable floraison des commentaires et traités d’Ibn Rušd (Averroès). Les trois traités édités dans le présent volume, sans doute les derniers qu’il ait écrits, présentent sa pensée la plus aboutie et la plus personnelle, le fruit de lectures allant de la République de Platon et de l’Éthique à Nicomaque d’Aristote aux ouvrages d’al-Fārābī. Ils résument ainsi les acquis d’une longue tradition, nourris par une expérience personnelle qui affleure au travers des discussions les plus techniques. Au confluent de la psychologie, de l’éthique et de la politique, ils tentent d’élaborer une méthode d’accomplissement intellectuel et moral à l’usage des hommes pris dans les turbulences d’une époque agitée.
Ils n’étaient disponibles jusqu’ici que dans des éditions relativement anciennes et insatisfaisantes. La découverte de quelques nouveaux manuscrits permet d’améliorer sensiblement la base textuelle et philologique d’écrits qui se distinguent par la densité de la pensée non moins que par la concision de l’expression. Ils sont accompagnés pour la première fois d’une traduction française, ainsi que d’un commentaire, complément indispensable pour dégager les intentions de l’auteur et éclairer ses allusions.
Introduction, édition, traduction et notes par Charles Genequand, professeur à l’Université de Genève (Études arabes et islamiques)
Ibn Bāğğa (Avempace) La conduite de l’isolé et deux autres épîtres
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