L’objectif du présent ouvrage est de mettre en évidence les liens d’affiliation, aussi complexes qu’implicites, entre la phénoménologie et la philosophie transcendantale allemandes. Si, depuis plusieurs années déjà, des travaux importants ont tenté de clarifier les « sources » austro-hongroises de la phénoménologie et cherché à rapprocher certaines lectures de la phénoménologie de la tradition analytique (voire cognitiviste), il est temps de montrer qu’il y a maintes raisons de procéder à une confrontation philosophique entre la phénoménologie comprise comme « idéalisme transcendantal » et les premières grandes élaborations de cette même tradition, inaugurée par Kant.
Le prisme ici utilisé est celui du temps et de la temporalité, en raison de la place centrale qu’occupe le temps en phénoménologie. Celle-ci ne pose pas simplement la question de l’origine du temps (permettant de dévoiler une « temporalité originaire »), mais elle aborde le temps en tant que dimension originaire de l’ouverture du sujet à l’objet, de la conscience au monde. Et dans la mesure où le temps est l’« étoffe » de la conscience intentionnelle, il entre bien entendu de manière décisive dans la constitution même de la subjectivité transcendantale. L’auteur traite du temps chez les plus grands représentants de la philosophie transcendantale allemande (Kant, Fichte, Schelling, Husserl, Heidegger, Fink), et en même temps il met l’accent sur les différents croisements et reprises qui témoignent des rapports systématiques entre les grands phénoménologues du XXe siècle et les pères fondateurs de l’idéalisme transcendantal.
Alexandre Schnell : En deçà du sujet. Du temps dans la philosophie transcendantale allemande
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