John Dewey (1859-1952) est un des piliers du « pragmatisme ». Au centre de cette tradition, il y a l’enquête, c’est-à-dire la conviction qu’aucune question n’est a priori étrangère à la discussion et à la justification rationnelle.
Dewey, fondamentalement, est un philosophe de la démocratie : « La démocratie n’est pas une forme de gouvernement », aimait-il répéter, nul ne saurait donc y voir une figure historique du pouvoir, caractérisée par tel ou tel prédicat idéologique, philosophique ou institutionnel. Au contraire, elle est à elle-même sa propre norme, elle définit les conditions pragmatiques de la discussion rationnelle, et par conséquent de l’enquête comme forme élaborée et socialisée de l’expérience. Dans Le public et ses problèmes, Dewey montre plus particulièrement que la politique est une « expérimentation » : les pratiques expérimentales s’appliquent aussi bien à la délimitation du privé et du public qu’à la détermination des intérêts communs, à la décision politique comme à la détermination de la loi. Destiné non pas aux gouvernants, mais au public, instance intermédiaire entre la société et le gouvernement, l’ouvrage entend restituer au public son pouvoir et ses compétences dont le prive la complexification de l’exercice du pouvoir. Il vise à restaurer la démocratie à sa source : la compétence de chaque citoyen.
LE PUBLIC ET SES PROBLÈMES, trad. de l’anglais par Joëlle Zask. Présentation de l’édition française par Joëlle Zask, 336 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Folio essais (No 533) (2010), Gallimard -ess. ISBN 9782070435876.
Parution : 23-04-2010.