La philosophie de Martin Heidegger est probablement la tentative la plus radicale de dépasser la métaphysique et de repenser notre rapport, notre présence au monde et aux choses. Nous conviant à un autre « commencement philosophique », sur les chemins d’un dévoilement de l’Être et d’une critique du rationalisme technicien, il retrouve le sens grec du divin et des dieux. Que devient, dans cette perspective, la référence judéo-chrétienne ? Quelle place y revient encore à l’engagement de la foi et de la croyance au Dieu unique ? Quel est le sens exact, aujourd’hui et pour nous, de ce défi lancé à l’Occident en crise ? C’est autour de ces questions qu’oscille cette méditation à plusieurs voix.
Pour y répondre, il était essentiel d’interroger à nouveau — en le reprenant en son fondement — notre double héritage : celui de la vérité de l’être recherchée par Platon, Parménide et la métaphysique celui, également, de la vérité du Dieu transcendant annoncé par Moïse, les Prophètes et le Christ. À partir d’Heidegger donc, c’est tout le débat du paganisme et du monothéisme qui se trouve ainsi renoué : débat incontournable, dont la modernité n’a pas fini d’épuiser les termes et les effets.