Le présent recueil vise à donner une vue d’ensemble de l’itinéraire de Horkheimer : composé en majeure partie de textes publiés d’abord dans la Zeitschrift für Sozialforschung, au cours des années 1930-1940, il contient les trois grands essais, Matérialisme et morale (1933), A propos de la querelle du rationalisme dans la philosophie contemporaine (1934) et Sur le problème de la vérité (1935), qui annoncent le « Manifeste » de 1937, Théorie traditionnelle et théorie critique. Des textes, antérieur – la présentation institutionnelle de l’Institut de recherches sociales (1931) – et postérieur – la conférence de 1970, La Théorie critique hier et aujourd’hui -, permettent de s’interroger sur la périodisation de la théorie critique ; faut-il en penser le développement sous le signe de l’évolution ou de la rupture ? L’Etat autoritaire (1942) pose la question politique fondamentale de notre temps.
Trois grandes tâches requièrent la théorie critique :
– Faire prendre conscience à toute théorie de l’intérêt social qui l’anime et la détermine.
– Travailler à la constitution d’une société répondant aux exigences de la raison.
– Déconstruire le devenir de la raison pour en distinguer les différentes figures.
Volonté d’émancipation, persévérance, décision sont les qualités propres de la raison matérialiste. Contre l’Etat autoritaire et les théories qui en font un destin, demeure la question : qu’est-ce que penser la liberté ? « Tant que l’histoire universelle va son chemin logique, elle ne remplit pas sa destination humaine. »
Les présentateurs L. Ferry et A. Renaut situent la théorie critique dans le champ « des voies et des impasses » où la pensée se sera engagée tout au long du XXe siècle.
Max Horkheimer
Max Horkheimer (1895-1973), philosophe et sociologue allemand, est notamment l’auteur, aux Editions Payot, de Théorie critique. Il a dirigé l’Institut für Sozialforschung (Ecole de Francfort) entre 1930 et 1969. L’Ecole de Francfort, qui regroupait des philosophes comme Theodor W. Adorno, Herbert Marcuse, Walter Benjamin, Erich Fromm ou, plus récemment, Jürgen Habermas, s’est beaucoup intéressée à l’apparition de la culture de masse.