Nous ne pouvons connaître les autres hommes que par leurs gestes, leurs paroles et leurs actes. Depuis deux siècles, le roman ne s’en est plus satisfait, et s’est voué, avec une intensité toujours croissante, à nous montrer la conscience au grand jour. Ce qu’elle a de plus secret, et parfois pour elle-même, vient sous nos yeux dans le moindre récit. Et ce que la Bible réservait à Dieu, sonder les reins et les cœurs, est devenu l’attribut commun des romanciers.
Quel est le sens de cette transformation radicale ? Comment a-t-elle eu lieu ? Quels chemins a-t-elle suivis, et quelles formes a-t-elle produites ? De quelle compréhension de la conscience est-elle lourde ?
Ce volume se concentre sur le monologue intérieur, en se tenant au plus près de ses usages variés, conversations intimes des héros de Stendhal, fulgurations décisives de Balzac, « tempêtes sous un crâne » de Victor Hugo. L’exploration se poursuit avec Virginia Woolf (Les Vagues), William Faulkner (Lumière d’août), et Samuel Beckett (L’Innommable).
Jean-Louis Chrétien : Conscience et roman I
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