« Qu’est-ce que la musique » ? pourrait bien être une façon de demander : « Qu’est-ce que l’homme ? »», écrit Georges Steiner dans Réelles présences (1991). De Confucius à Roland Barthes, d’illustres aînés ont laissé échapper sur elle des éclats de sens. De ces éclats, qu’on peut utiliser comme une main courante, je me suis surpris à tirer des variations sur un motif unique : l’échec des mots à rendre compte du mystère de la musique ; au-delà, à traquer peu à peu une perspective plus roborative : la musique intérieure où peut conduire, sous un certain angle, cet échec accepté, dont les échos varient des motifs d’espérance poétique en l’homme capables d’émouvoir l’entendement des oreilles les plus ignorantes. Cette ambition – vaincue avant d’avoir livré bataille – a néanmoins été le seul ressort de ces pages. Puisse-t-elle susciter quelques musiciens qui s’ignorent.