Les conférences et le cours magistral d’Edith Stein sur le thème de la femme datent des années trente et s’inscrivent dans le droit fil de ses préoccupations relatives à la personne humaine. Son propre vécu spirituel en tant que « moine heureux » dans le monde s’y profile en filigrane.
Edith Stein traite ce sujet en tenant compte des nombreux problèmes qui se posaient alors et en s’attachant particulièrement à la question de l’éducation féminine, car son activité d’enseignante lui avait permis de mesurer à quel point celle-ci s’accordait peu avec la spécificité féminine. Cela la conduisit à mettre en évidence le fait qu’« aucune femme n’est uniquement femme, mais que chacune a sa spécificité et sa disposition individuelles au même titre que l’homme ». En établissant sur un fondement chrétien le droit des femmes à l’instruction, à toutes les voies de formation ainsi qu’à l’exercice de toute profession, Edith Stein fraya la voie aux femmes catholiques luttant pour leur émancipation.
Dans ses investigations sur la spécificité de l’homme et de la femme et sur leur destinée respective, Edith Stein recourt à la méthode phénoménologique, s’appuie sur les Écritures saintes et se réfère à saint Thomas d’Aquin. L’homme et la femme sont voués à remplir d’une façon propre leur double mission consistant d’une part à être à la ressemblance de Dieu, d’autre part à procréer et à éduquer une postérité. La femme est appelée à « chercher le chemin menant d’Ève à Marie » : elle se voit assigner la mission particulière de rétablir « la nature féminine dans sa pureté », dont « l’archétype » est la Vierge-Marie.