Qu’est-ce qui fait l’unité de la Krisis? Comment s’articulent ses différents thèmes? Depuis sa traduction en 1976, l’œuvre ultime de Husserl a été souvent invoquée et discutée, pour en critiquer le rationalisme affiché et débusquer les restes de métaphysique, ou bien pour y saluer la naissance d’une figure nouvelle, le monde de la vie. Ce serait vain de vouloir à tout prix saisir d’une seule vue un ouvrage difficile, disparate, riche plutôt de ses tensions, de vouloir y déchiffrer l’unité d’un projet méthodique abouti. La complexité de l’ouvrage n’a pas échappé aux interprètes, mais il existe peu d’études systématiques, sobres, patientes et détaillées. Les commentaires ici rassemblés tentent de dégager le sens et la portée des questions posées par Husserl, l’articulation mutuelle des différents réseaux de problèmes : mathématisation galiléenne de la nature, projet d’une science du monde de la vie, statut équivoque de la psychologie, lien entre sujet et monde. On trouvera ici aussi la traduction d’articles devenus classiques, écrits par Aron Gurwitsch, Ludwig Landgrebe, Iso Kern, Walter Biemel, parce que ces textes ont nourri le débat autour de la Krisis et forment les jalons historiques de sa réception. La Krisis est-elle vraiment un livre désuet et sans avenir?
Ont collaboré à ce volume : J. Benoist, Fr. De Gandt, N. De Warren, V. Gérard, C. Lobo, C. Majolino