Mais cette histoire en cache une autre, restée dans l’ombre d’une imposante littérature religieuse. Dès le xiie siècle apparurent des tentatives de réhabilitation du philosophe grec, près de trois siècles avant la redécouverte de Lucrèce par Poggio Bracciolini. Ces témoignages de théologiens, de médecins, de philosophes présentent Épicure comme un grand sage, voire un modèle pour les chrétiens. Dans le même temps, sa pensée du plaisir retrouvait progressivement son prestige. Contrairement à une idée répandue, ce n’est pas le Moyen Âge qui inventa la caricature de l’épicurien. Plus encore, c’est à cette époque que l’on tenta de sauver Épicure et sa philosophie des enfers.
Directeur de recherche au CNRS, ancien membre de l’École française de Rome, Aurélien Robert est spécialiste d’histoire de la philosophie du Moyen Âge et de la Renaissance. En 2019, il a reçu la médaille de bronze du CNRS pour l’ensemble de ses travaux.