Jocelyn Benoist (dir.) : Les Cahiers d’Histoire de la Philosophie : Husserl

La récente collection « les Cahiers d’histoire de la philosophie » publiée au Cerf a pour objet de présenter au public français les récentes avancées en matière de recherche autour des auteurs majeurs de la tradition philosophique ; loin d’être une initiation ni même une présentation de la pensée d’un philosophe, cette collection propose d’aborder un problème extrêmement précis au sein d’une œuvre la plupart du temps foisonnante, et d’en livrer des analyses rigoureuses et fouillées, qui ne sauraient en aucun cas être lues par tous. Ce préambule a donc pour objet de bien préciser que cette collection ne se destine pas au néophyte, ni même à l’étudiant de première année, mais plutôt aux spécialistes de tel ou tel auteur, car l’aridité de certains articles pourrait en décourager plus d’un.

Husserl, quatrième volume de la collection, fait l’objet de dix articles, rédigés par les spécialistes actuels de la pensée du maître, le tout dirigé magistralement par Jocelyn Benoist qui livre d’ailleurs une remarquable contribution consacrée à la question du remplissement. A l’issue de la lecture de ce recueil, on s’aperçoit que la volonté d’exhaustivité est parfaitement absente de l’ouvrage : seuls quelques aspects de l’œuvre sont ici traités, principalement centrés autour des Recherches logiques, ce qui témoigne d’ailleurs du regain d’intérêt que connaît le premier Husserl depuis une bonne dizaine d’années, au détriment peut-être du tournant dit « idéaliste » initié par les Ideen, et confirmé par les Méditations cartésiennes. Nous n’avons pas affaire à un « aperçu » de la totalité de la pensée et des évolutions de la pensée husserlienne dont chaque spécialiste traiterait un aspect, et c’est donc avec la volonté d’approfondir ou de découvrir un problème technique précis qu’il faut aborder cet ouvrage.

A : Un Husserl cartésien

Le premier article, que l’on doit à Vincent Gérard, propose une analyse plutôt technique de l’unité du tout premier Husserl, lorsque se pose à lui la question simultanée de la logique pure et de la conscience pure, et que, de manière dérivée, se trouve interrogé le problème suivant : comment se fait-il que l’axiomatique n’ait pas été retenue par Husserl comme étant le fondement exemplaire de la science recherchée ? Discutant les thèses de Jacques English1, Vincent Gérard propose une thèse audacieuse, ainsi exprimée : « La thèse que je soutiens, c’est que la théorie de la signification du premier Husserl procède d’une critique de la théorie des nombres algébriques de Kronecker, critique qui est elle-même commandée par la théorie des fonctions analytiques de Méray et Weierstrass. »2 Un des mérites essentiels de ce texte me semble résider dans l’analyse du manuscrit K I 36, encore inédit, et que Vincent Gérard livre au public français sous forme d’une investigation rigoureuse où défilent Kronecker, Cauchy, Molk et, bien entendu, Weierstrass, et où des problèmes essentiels de philosophie mathématique, nés des nombres imaginaires, sont très clairement traités. Le débat sur la nature symbolique – ou non – des imaginaires est mené intelligemment par l’auteur, et même si l’on ne connaît pas les écrits de Kronecker, la clarté de l’exposition permet de prendre connaissance de ces passionnantes problématiques nées des complexes, ainsi que de la crise que ces derniers introduisent au sein même de l’arithmétique.

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A l’issue de l’article, c’est un Husserl somme toute assez cartésien qui apparaît, proche de la méthode des Regulae, dont l’obsession semble être de systématiquement ramener le complexe au simple, ainsi qu’en témoigne le rapport husserlien aux fonctions : celles-ci, quelles qu’elles soient, doivent pouvoir être ramenées à trois opérations élémentaires, la composition, la résolution ou l’intégration d’équations différentielles. La démarche husserlienne est celle d’une construction méthodologique permettant de ramener les fonctions à leur développement en série entière, et à cet égard le cartésianisme du premier Husserl paraît évident même s’il ne constitue pas le thème essentiel de l’article de Vincent Gérard.

B : La métaphysique husserlienne

Le deuxième article, nettement plus métaphysique, est l’œuvre de Jean-François Courtine, qui se demande si la logique est un objet au sens d’une objectité par laquelle Husserl définit l’être. Courtine défend une hypothèse claire qui est « celle selon laquelle l’ontologie formelle, à titre notamment d’ontologie des états-de-choses, est ce qui permet de rompre – même si cette rupture est souvent implicite chez Husserl, en raison notamment du privilège qu’il continue d’accorder, après Stuart Mill, à la nomination, à la nominalisation et à l’unité signifiante du nom – avec la limitation traditionnelle de l’interprétation du sens de l’être ou de la richesse possible du pollachos aristotélicien, toujours tendanciellement réduite à l’unité, et cela une fois encore par Heidegger. »3 S’appuyant sur la préface des Recherches logiques, Courtine reprend la distinction husserlienne de l’ontologie formelle et de la Gegenstandstheorie et rappelle que cette dernière prime sur l’ontologie dans la préface. En d’autres termes, avant d’avoir affaire à une ontologie, la préface propose une science a priori des objets, laquelle rend possible, en un second temps, une ontologie.

Il faut ici prendre la mesure du questionnement de Courtine : si la logique est bien un objet, et si la science a priori des objets précède l’ontologie, alors la science de la logique peut revêtir une dimension fondationnelle pour l’ontologie de sorte que l’être pourrait être appréhendé à partir d’une réflexion sur la logique. Mais est-ce bien le cas ? Courtine note que l’ontologie formelle est « commandée par la catégorie d’objet, ou mieux le concept d’Urgegenständlichkeit à partir duquel elle étudie analytiquement les « catégories d’objets ». »4 Qu’est-ce à dire ? Cela signifie une chose très simple, à savoir que l’objet de la logique est présent dans l’ontologie formelle – de manière privilégiée dans les états de choses – et qu’il va nous falloir mener l’investigation du contenu de cette dernière pour y trouver l’objet de la logique ; cette dernière étudie des formes catégoriales d’une objectivité constituée, formes qui ne se donnent pas à une intuition sensible. C’est là qu’intervient la fameuse intuition catégoriale par laquelle se trouvent données des objectités que ne saurait accueillir l’intuition sensible. En ce sens, c’est bien comme l’avait pressenti Heidegger, l’intuition catégoriale qui est en charge de l’être, et Courtine peut fort logiquement conclure : « L’être est présent dans la catégorie. »5 En somme, dans l’exacte mesure où l’intuition catégoriale appréhende des objectités, et constitue donc cela même par quoi les catégories d’objet sont intuitionnables, cette même intuition entretient un rapport à l’être et ouvre à l’ontologie formelle. Pour autant, se demande Courtine, il ne s’agit justement que d’ouvrir l’être et non de s’ouvrir à lui, car si être signifie bien être-objet, l’être-objet ne se trouve pas élucidé et cela hypothèque encore le sens de l’être.

C : Husserl passé au prisme de Jean-Luc Marion

L’article suivant est écrit par Jean-Luc Marion, lequel tente d’établir une fois de plus que la donation est déjà présente de manière décisive dans les textes husserliens. Il y a quelque chose d’étrange dans cette obsession de Jean-Luc Marion à vouloir établir cette présence de la donation chez Husserl – et Heidegger –, car si la donation est en effet présente textuellement, on peine à comprendre pourquoi Marion s’obstine à faire sienne une pensée qu’il s’acharne à trouver pourtant chez les autres, et en même temps, cet acharnement à vouloir trouver le terme de Gegebenheit incite à penser que si sa présence était réellement évidente, il serait superflu de l’établir aussi longuement.

Menant une analyse de la VIème Recherche, Marion y voit une donation déterminant l’être, de telle sorte que l’intuition catégoriale le rende visible. Mieux que cela, la corrélation entre le vécu et l’objet intentionnel se jouerait en vertu de la donation elle-même. « Ainsi, la reprise de la signification et de la vérité par la donation se confirme bien explicitement par la reprise en elle des objets de la logique, désormais nommés des « donations logiques ». »6 Que veut ici montrer Marion, outre la présence de la donation ? Il me semble que son dessein est de rendre visible une préséance à la logique, préséance qui serait assumée par la donation de telle sorte que la logique soit finalement donnée. La donation revêt le rôle d’une proto-opération donnant sa légitimité aussi bien aux opérations logiques qu’aux opérations intuitives.

Marion reprend là une de ses thèses majeures, magistralement exposée dans Réduction et donation où l’on pouvait lire que « la percée phénoménologique ne consiste ni dans l’élargissement de l’intuition, ni dans l’autonomie de la signification, mais dans la primauté seule inconditionnée de la donation du phénomène. »7 Mais la force de cet article consiste à proposer une préséance de la donation sur la logique elle-même (et sur l’apophantique), invitant à redéfinir de fond en comble celle-ci. Expérience et jugement constitue le deuxième volet de l’analyse de Marion, dans la mesure où ce dernier y voit la confirmation que les objets de la logique tout comme l’ensemble des significations sont ramenées à une proto-opération qu’est la donation, et reçoivent par là même leur unité phénoménologique. Il est vrai que Husserl déplore le fait que la logique formelle demeure insensible à l’objet lui-même, ce que Marion interprète comme une insensibilité à la donation ; mais est-ce vraiment ce que dit Husserl ? Ce dernier déplore non pas l’insensibilité de la logique formelle à la donation mais bien plutôt aux « conditions de la donation évidente de l’objet du jugement »8. La nuance peut paraître mince, mais elle est d’importance ! Les conditions de donation ne sont pas parfaitement identiques à la donation dans la mesure où, dans son questionnement, Husserl laisse entendre que s’il y a des jugements formels valides et d’autres pas, de même il y a des donations valides et d’autres pas ; c’est en ce sens qu’il est bien question des conditions de la donation comme il est question des conditions du jugement, et non simplement de la donation elle-même.

Cette nuance, que Marion évacue, provient d’une assimilation, probablement discutable, que Marion opère entre évidence et donation. La donation évidente, dit Marion, c’est la donation des objets dans leur ipséité. Et Marion de commenter : « Sans aucune hésitation, l’évidence signifie ici, comme au § 39 de la VIè Recherche logique, la donation : « Art der Selbstgebung = Evidenz. »9 Nous sommes ici au cœur, me semble-t-il, de ce qui est le plus contestable, à savoir cette identification de l’évidence et de la donation, comme si l’évidence signifiait nécessairement la donation ! Bien entendu, si l’on admet cette identification, il n’y a plus à s’interroger sur les conditions de la donation, puisque l’évidence est d’emblée donation. Mais comment prouver cette identification ? Et comment, si tel est réellement le cas, ne pas considérer que la locution « donation évidente » n’est pas redondante ? Il y a là des identifications, que l’on sait nécessaires dans l’économie de la pensée de Marion, qui soulèvent de sévères questions logiques.

A quoi Marion souhaite-t-il en venir ? A ceci : « On ne saurait mieux redire que les objets de la logique formelle, pas plus que les significations, ne font exception au droit souverain de la donation, dont l’empire ne se limite pas aux objets empiriques ou effectifs – comme l’intuitionnisme et l’empirisme le voudraient bien, malgré leur réfutation définitive par les Recherches logiques. »10 L’ensemble des objets, y compris ceux de la logique formelle, se laissent ramener au régime de la donation d’où ils tirent leur sens de sorte que le monde ne soit jamais rien d’autre que ce en quoi se donne l’objet et le monde lui-même est passivement prédonné. La conséquence immédiate de cette donation au « droit souverain » consiste à destituer le je de son activité et d’en faire une instance passive de réceptivité11. En d’autres termes, avant même d’exercer mon jugement, je suis réceptif, et c’est même, selon Marion, parce que je suis originairement réceptif que je puis exercer l’activité de mon jugement. « Autrement dit, le Je ne pourrait pas viser intentionnellement ce qui ne lui fait pas encore face comme un objet, si cela même ne prenait l’initiative de se détacher et de le provoquer ; mais cela ne pourrait pas le provoquer, si cela ne se donnait pas d’abord à partir de soi ; alors seulement, le Je peut lui répondre et s’y a[ban]donner, bref s’y adonner (sich hingeben), en sorte de finir par le viser, en retour, par sa propre intentionnalité. »12 Le je est alors interpellé, pour reprendre un terme que Marion affectionne, et cette interpellation invite le je à exercer son jugement sur cet objet qui suscite l’interpellation ; l’intentionnalité ne serait jamais qu’un droit de réponse à l’interpellation primitive qui dessaisit l’ego de son originaire activité.

Le problème est que Marion semble penser au fond l’objet comme une altérité, ou à partir de l’altérité, et que cette interpellation qu’il prête à l’objet est en réalité fort peu pensable dans le cadre d’une simple objectité : que signifie réellement un objet qui serait capable d’une « contre-intentionnalité », venant interpeller l’ego, ou que signifie un objet capable de pro-voquer l’intentionnalité de l’ego ? Quel sens réel peut avoir ce raisonnement dans le cadre de l’objectité husserlienne, sinon celui d’une insertion de force, cherchant à attribuer à l’objectité des forces que seul autrui semble être en état de témoigner ?

Nous avons ensuite un article de Françoise Dastur qui s’intéresse au problème de l’imagination chez Husserl, une comparaison de la notion de « pulsion » chez Freud et Husserl par Rudolf Bernet qui prend appui sur les Etudes sur la structure de la conscience de Landgrebe, ainsi que quelques remarques de Paolo Spinicci sur la différence entre les formes géométriques et les formes intuitives chez Husserl.

D : Indexicalité, intention, intuition et remplissement

Je passe directement à la série de deux articles offerts par Jocelyn Benoist et Jean-Philippe Narboux, qu’il me semble falloir lire en regard l’un de l’autre, tant ils sont thématiquement imbriqués, Narboux, dans un article plutôt difficile, étudie la manière dont l’indexicalité constitue, chez Husserl, une menace permanente à l’égard de l’idéalité de la signification et de l’indépendance du signifier. L’article de Narboux est trop dense et trop complexe pour pouvoir être efficacement et clairement résumé, et je me permettrai donc de n’aborder que la partie du débat traitée par Jocelyn Benoist, qui pose une question à la fois forte et subtile : comment est-il possible de passer du visé au donné ? Cette question, note Benoist, circonscrit tout le problème du remplissement, et c’est ce dernier qui fera l’objet de son étude. La première Recherche avait établi que l’intention de signification devait construire la référence à l’objet, bien que la signification fût possible sans rapport à l’objet, ce qui revenait à dire que toute expression était douée de signification, et que toute expression était dotée d’une prétention référentielle.

Que vient alors faire le remplissement dans ce cadre posé par la Première Recherche ? Il vient dire que le sens n’est pas l’objet lui-même, mais bien plutôt l’essence de l’acte dans lequel l’objet doit être donné. « En d’autres termes, d’abord, là où l’intention de signification se « remplit », c’est-à-dire exerce sa fonction cognitive (comme dans le cas où on nomme ce qu’on voit, et où le nom désigne en propre ce qui est vu, comme tel), c’est bien en un certain sens le « sens remplissant » (et non le « sens pur et simple ») qu’exprime alors, dans cette nouvelle fonction, l’expression. »13 Fort bien ; mais ne peut-on pas penser des intentions qui, en aucun cas, ne sauraient être remplies ? Husserl entrevoit le problème et y répond catégoriquement : même dans le cas où l’objet n’est pas ou est fictif, l’intention est remplie, ce qui signifie, selon la belle interprétation qu’en donne Benoist, qu’ « il serait possible de déterminer a priori à quoi devrait ressembler l’objet s’il était donné suivant ce qui en est dit / visé (comment il serait alors donné) (…). » 14

C’est donc bien l’intention qui est liée au remplissement, plus que l’intentionnalité elle-même, ce qui invite Benoist à proposer une distinction subtile entre intention et intentionnalité. L’intentionnalité est téléologique, elle est un but que se fixe la représentation, tandis que les intentions sont les actes mentaux auxquels seuls se pose la question du remplissement, comme horizon de leur effectuation ; ainsi, on peut imaginer des intentionnalités qui ne soient pas des intentions, et des intentions qui ne soient pas téléologiques, des cas où l’objet n’est pas un but.

La VIème Recherche, remarque Benoist, vise à distinguer l’intuition du remplissement : pourquoi la visée et la donnée seraient commensurables ? Telle est la question inaugurale et à laquelle tente de répondre la distinction de l’intuition et du remplissement. Il semble normal que l’intuition excède la visée, et toute la VIème Recherche va avoir pour objet de reconfigurer l’intuition pour que cette dernière soit adaptée aux cadres de la visée. Le remplissement devient alors le terme commun aux intuitions et aux intentions, ce que Benoist exprime ainsi : « En fait, ce n’est pas les intuitions qui remplissent les intentions, mais plutôt elles qui servent aux intentions à se remplir, dans les actes spécifiques qu’on nomme « remplissements », et qui sont fondés à la fois sur les intentions et sur les intuitions. »15 Le remplissement repose aussi bien sur l’intention et l’intuition, en tant qu’il comble celle-là, et s’appuie sur celle-ci pour combler celle-là. On a ainsi une intention qui va anticiper l’intuition, au sens précis où l’intuition est considérée du point de vue de l’intention, afin de la « calibrer » à ses vues.

Après ces brillantes analyses, Benoist conclut son article par une comparaison avec Wittgenstein pour lequel le remplissement est nécessairement superflu, car la visée est en soi une anticipation de la réalité, et c’est la réalité elle-même qui permet de mesurer ce qui y est conforme ou non. On comprend ainsi que chez Husserl, c’est au fond le fait que l’intention ne soit pas a priori adaptée à l’intuition qui rend nécessaire la thématisation du remplissement, comme « devenir normatif de la signification »16

Suivent encore deux articles, un de Nathalie Depraz qui s’interroge sur le sens de l’attentionnalité chez Husserl en regard de l’intentionnalité, et un extrêmement brillant de Dan Zahavi, qui aborde le problème de l’intersubjectivité husserlienne et du langage, au point de faire de ce thème un des lieux majeurs de l’élaboration de l’objectivité, au même titre qu’un Adorno ou qu’un Habermas. Ainsi, « l’intersubjectivité transcendantale est le sol d’être absolu dont la signification et la validité de tout ce qui existe objectivement tire son origine. »17 Ce point de départ donne l’occasion à Dan Zahavi de proposer de très féconds développements quant à l’éclosion de l’objectivité à partir de ce terrain commun auquel autrui contribue de manière essentielle, et d’arracher Husserl aux analyses trop rapides qui font de lui un fidèle représentant du solipsisme luttant avec le courage du désespoir contre le risque de l’enfermement de l’ego en lui-même dans les Méditations cartésiennes.

C’est donc un recueil hautement technique, dont les sommets de difficultés me semblent atteints avec l’article de Narboux, dont les considérations inhérentes à l’indexicalité ne laissent pas de demander une attention plus que soutenue. On sort de ce livre avec une compréhension accrue des Recherches logiques, particulièrement de la sixième qui s’avère être le pivot des articles de Marion, Courtine et Benoist, et l’on prend conscience de l’importance radicale de l’intuition catégoriale au sein de l’œuvre husserlienne. On pourra regretter, néanmoins, le peu d’analyses consacrées aux Ideen, nonobstant l’article de Françoise Dastur, comme si l’idéalisme husserlien était devenu la partie la plus honteuse de son œuvre.

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  1. cf. Jacques English, Sur l’intentionnalité et ses modes, PUF, coll. Epiméthée, 2006
  2. Vincent Gérard, « Husserl, « élève de Kronecker et Weierstrass : théorie de la signification, théorie des nombres et théorie des fonctions », in Jocelyn Benoist (dir.), Husserl, Cerf, 2008
  3. Jean-François Courtine, « l’objet de la logique », in Benoist, op. cit., p. 59
  4. Ibid. p. 79
  5. Ibid. p. 79
  6. Jean-Luc Marion, « le concept large de logique et de logos : le logique et le donné », in Benoist, op. cit., p. 93
  7. Jean-Luc Marion, Réduction et donation, PUF, coll. Epiméthée, 1989, p. 53
  8. Husserl, Expérience et jugement, § 4, p. 14
  9. Ibid. p. 96
  10. Ibid. p. 97
  11. Marion est néanmoins très loin d’Anne Montavont qui, dans son ouvrage de la passivité dans la phénoménologie de Husserl avait plutôt essayé de penser une phénoménologie du corps, de la chair, du monde comme modes de la passivité, sans du tout faire appel à une destitution des initiatives de l’ego en raison de la donation
  12. Ibid. p. 102
  13. Jocelyn Benoist, op. cit. p. 198
  14. Ibid. p. 200
  15. Ibid. p. 209
  16. Ibid. p. 220
  17. Ibid. p. 251
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Ancien élève de l’ENS Lyon, agrégé et docteur en Philosophie, Thibaut Gress est professeur de Philosophie en Première Supérieure au lycée Blomet. Spécialiste de Descartes, il a publié Apprendre à philosopher avec Descartes (Ellipses), Descartes et la précarité du monde (CNRS-Editions), Descartes, admiration et sensibilité (PUF), Leçons sur les Méditations Métaphysiques (Ellipses) ainsi que le Dictionnaire Descartes (Ellipses). Il a également dirigé un collectif, Cheminer avec Descartes (Classiques Garnier). Il est par ailleurs l’auteur d’une étude de philosophie de l’art consacrée à la peinture renaissante italienne, L’œil et l’intelligible (Kimé), et a publié avec Paul Mirault une histoire des intelligences extraterrestres en philosophie, La philosophie au risque de l’intelligence extraterrestre (Vrin). Enfin, il a publié six volumes de balades philosophiques sur les traces des philosophes à Paris, Balades philosophiques (Ipagine).