Jocelyn Benoist : Concepts. Une introduction à la philosophie

Depuis le début des années 2000, le philosophe français Jocelyn Benoist s’est lancé dans un programme de recherche considérable, consistant dans une remise en chantier du concept d’intentionalité aussi bien sur le plan théorique que sur le plan pratique afin de le restituer à son terreau d’appartenance de facto au monde. Au contact de celui-ci, le sens intentionnel rencontre sa limite et s’éprouve au « silence constitutif de l’être des choses » comme le dit la belle expression de Sens et sensibilité1 (2009).

Le paradoxe veut, et c’est là un des résultats les plus importants du dernier livre de Jocelyn Benoist2, qu’une telle exigence philosophique devait conduire son auteur à proposer une récusation du primat philosophique de « l’accès » pour penser le rapport que nos pensées entretiennent avec le monde. C’est dans la mesure où la question de l’accès de nos pensées par rapport à la réalité ne se pose plus, n’a plus à se poser, se voit dénoncée comme artificieuse, que la pensée peut enfin se voir analysée comme appartenant de plain-pied à cette même réalité, exigence d’analyse qu’une représentation idéaliste de la sphère du mental entrave. On n’aura plus de difficulté à se représenter après la lecture de Concepts le point auquel la question de « l’accès » dans son insistance – une certaine tradition philosophique pourrait se voir comprise comme la réitération d’une telle insistance – représente le symptôme d’une résistance intellectuelle à la question de l’analyse à laquelle Jocelyn Benoist soumet le champ du conceptuel. L’exigence de ce que Jocelyn Benoist appelle « l’analyse » ne peut apparaître qu’une fois pleinement insérée la pensée sur le terrain de la réalité à laquelle elle appartient. A ce titre, les deux ouvrages précédents de Jocelyn Benoist (Les limites de l’intentionalité3 et Sens et sensibilité) peuvent se comprendre comme étant entièrement consacrés à cette tâche préparatoire. Or la contextualisation de l’intentionnalité parce qu’elle est désormais pleinement assumée et théoriquement réalisée, a pour résultat paradoxal l’extinction de sa pertinence. Il n’est pas certain que cette notion puisse entièrement résister à l’épreuve de réalité – le fait que les pensées sont lestées de réalité – à laquelle la soumet Benoist depuis de nombreuses années.

1. De l’intentionalité à l’analyse des pensées

La notion d’intentionalité pèche par la base, si l’on peut dire : elle appartient depuis son origine phénoménologique jusqu’à ses élaborations plus récentes en philosophie de l’esprit, à la dramaturgie philosophique de l’accès. Les philosophies qui s’en réclament ont par trop attendu de l’intentionalité qu’elle vienne résoudre un problème auquel ils avaient commencé par donner un trop grand crédit, et aux mesures duquel le concept d’intentionalité était évidemment taillé. Or l’intentionalité, souligne Jocelyn Benoist, est tout au plus un rappel redondant d’une propriété intrinsèque à la pensée elle-même, à savoir de porter sur le monde, comme telle, cette notion est superflue et inévitablement source de malentendus, laissant à entendre que ce serait parce qu’elle est intentionnelle que notre pensée atteindrait le monde, et non parce qu’il en va d’elle-même comme pensée. D’où le déplacement opéré par Jocelyn Benoist de l’intentionnalité à l’analyse des concepts, suivant une exigence de retour à la pensée elle-même que venait obstruer le primat de l’intentionalité.

Substituer l’analyse à l’accès, tel pourrait être le programme théorique que Benoist fixe à une théorie prenant désormais les concepts pour objet. Non plus se rapporter à la réalité comme ce qui se situerait en aval du concept – ce à quoi le concept serait censé ouvrir l’accès – mais comprendre désormais celle-ci comme un principe déterminant en amont du conceptuel les modalités de la mise en application des concepts.

On se référera à la théorie du philosophe rhodésien John McDowell pour tenter de mettre en perspective ce que Benoist entend par analyse. En effet, suivant Benoist, la théorie de McDowell est représentative d’une tendance philosophique contemporaine visant à se soustraire à la question du poids problématique du réel qui leste nos pensées, et par là, à décharger celles-ci du fardeau que représente la profondeur de leur inscription dans une réalité qui n’est pas « toujours déjà » la leur. L’objectif poursuivi par Benoist est de mener à son terme l’élucidation d’une telle inscription sous l’égide de ce qu’il nomme par-delà la critique du primat de l’accès, le contact.

L’ouvrage de Benoist nous met en effet en situation de ne plus pouvoir exonérer la question du conceptuel des modalités sous lesquelles les pensées appartiennent de plain-pied à la réalité qu’elles permettent de représenter :
« L’idée est de nous mettre devant cet impératif qui consiste à analyser nos concepts, c’est-à-dire à interroger le fond de réalité qu’il y a toujours en eux, à nous forcer à regarder celui-ci en face, même et surtout s’il ne nous plaît pas, et à l’appeler par son nom »4.
Le travail d’analyse post-intentionnel sous l’égide duquel Benoist place son étude, à la frontière du conceptuel et du non conceptuel, doit permettre de retrouver la pleine mesure de nos pensées, leur finitude intrinsèque, c’est-à-dire le type et le style d’ancrage au réel qui sous-tend l’espace du conceptuel. Comme le soutient de manière tout à fait fondamentale Benoist, l’analyse d’un concept outrepasse le champ de son contenu de représentation :
« L’analyse d’un concept ne peut en rester à sa définition formelle (…) Il faut nécessairement qu’elle entre dans les conditions concrètes, effectives, de sa mise en œuvre »5. Dans un tel cas de figure, la voie de l’analyse se fixe pour objectif de discerner la composante de force qui œuvre à entraver l’élaboration conceptuelle. En prenant en compte la puissance de partage et de contrainte de la force, l’analyse permet d’élucider ce pourquoi des pans entiers de la réalité se trouvent laissés en jachère du conceptuel. De ce point de vue, la rhétorique triomphaliste du concept – porté par le néo-hégélianisme contemporain- aussi bien que celle du défaitisme – désigné sous le syntagme de « pensée faible » – se nourrissent du même symptôme consistant à gommer le poids de nos pensées, et par là permettent de s’exonérer du travail d’analyse, là où vient se poser la question du type spécifique d’ancrage qui noue le conceptuel à une configuration réelle déterminée. La thèse de Benoist est que l’insistance toute philosophique portant sur la question de l’accès de nos pensées par rapport au monde a pour conséquence d’engendrer une cécité vis-à-vis de la question de l’ancrage de nos concepts à la réalité. Or cette cécité ne concerne pas seulement la question théorique de l’enracinement mondain de nos concepts, mais bien plus celle idéologique et politique concernant ce qu’à force de ne plus vouloir voir nous finissons par ne plus pouvoir penser de la réalité qu’investissent nos concepts.

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Le point de départ du livre de Benoist repose sur le constat d’une carence : l’absence d’un concept pour penser l’Afrique : « l’inexistence supposée d’un concept d’Afrique n’a rien d’essentiel. C’est un fait historique, non une vérité a priori »6. Autrement dit, la difficulté résulte d’une situation réelle, historique, et non d’une impossibilité de principe inhérente au conceptuel ou à la réalité de l’Afrique. On aurait beau jeu de disqualifier l’Afrique de pouvoir obtenir un jour un concept qui lui soit adéquat, tout autant que de mettre la pensée en position de retrait par rapport à la possibilité de penser telle ou telle réalité, sinon la réalité en général, car comme y insiste Benoist que la pensée pense la réalité, ce trait lui est simplement définitionnel, il ne nous apprend rien de plus sur la pensée sinon de nous renvoyer à ce qu’elle est, suivant une exigence grammaticale que viole inévitablement le concept même d’intentionnalité.

C’est pourquoi le point de vue de l’analyse a pour vocation de nous montrer le point auquel, et c’est particulièrement patent dans le cas d’un éventuel concept d’Afrique, « il est possible que nous ne puissions soustraire l’espace des concepts à celui des forces qui déterminent ceux-ci »7, et avant tout la force d’inertie qui nous met en situation, résultat d’une réalité historique, de ne pouvoir penser aujourd’hui un concept d’Afrique. Or la pensée dite « faible » aurait tendance à concevoir cette absence locale dans les termes d’une impossibilité plus globale ayant trait à la nature du conceptuel comme telle. C’est contre une telle tendance généralisante que veut nous prémunir Benoist, et cela dans un sens « thérapeutique »8, car une telle généralisation du doute sur le conceptuel, on le comprend maintenant, contribuerait à occulter les tenants et les aboutissants à cause desquels une réalité peut manquer de son concept. Mais la démarche n’en demeure pas moins « thérapeutique », au sens wittgensteinien du terme, précisément à l’encontre d’une certaine posture contemporaine néo-hégélienne, consistant à faire du conceptuel l’espace englobant des conditions requises – au niveau de la réalité – à son application. Et Benoist, fidèle à l’exigence contextualiste – dans la continuité de la « phénoménologie linguistique » de John L. Austin – soutient que le fait que les concepts nous permettent de penser la réalité n’implique en rien qu’aucun pan de la réalité ne soit dépourvu de son concept, ou dit autrement, que la réalité dépende pour être la réalité qu’elle est de ce qu’un concept existe déjà pour l’atteindre (ce qui dans une philosophie comme celle de McDowell correspondrait au caractère constitutivement « conceptualisable » de la réalité). Or que la réalité puisse être conceptualisée ne signifie certainement pas qu’elle le soit toujours, ni même qu’elle soit en voie de l’être. On peut se trouver face à des cas de figure comme l’Afrique qui résistent à la conceptualisation pour des raisons que le travail d’analyse doit déceler. L’erreur serait d’interpréter ces résistances à la conceptualisation en termes d’impossibilité. La pensée n’est pas systématiquement en phase avec la réalité, et ce constat ne signifie ni le caractère inconceptualisable du réel ni que cette possibilité de déphasage ne serait pensable que sous le jour idéaliste d’une « harmonie » préjudicielle de notre pensée avec le réel. En effet, « il n’y a rien d’évident à ce que l’espace des concepts couvre l’ensemble de la réalité »9, au contraire « l’effectivité d’un réel pour lequel nous « n’avons pas de concept » comme on dit, joue un rôle essentiel »10.

Les deux versions théoriques – triomphaliste et défaitiste – ont pour point commun de raisonner sur la pensée en termes abstraits et à déplacer de cette manière l’impossibilité de conceptualiser quelque chose, du « nous » – « nous » êtres humains finis qui pensons par le recours aux concepts dans un sens beaucoup plus étendu que la modalité théorique à laquelle la philosophie a tendance à restreindre la sphère du conceptuel – aux concepts eux-mêmes : à faire porter sur eux seuls (les renvoyant à leur limitation cognitive) la responsabilité d’une entrave à la conceptualisation de la réalité. Ces deux stratégies théoriques représentent ainsi deux versions d’un même stratagème visant à nous dédouaner nous, d’avoir à penser les raisons pour lesquelles nous ne pouvons penser une certaine réalité, en d’autres termes, à évacuer les mobiles d’un impensé concernant moins les concepts en « eux-mêmes » que notre propre rapport à certaines réalités. Dans un tel cas de figure en effet, ce n’est plus dès lors nous qui entretenons plus ou moins tacitement la situation d’un vide conceptuel par rapport à une réalité dérangeante, ce seraient les concepts eux-mêmes qui se verraient suspectés de ne pas nous doter des moyens suffisants pour parvenir à la finalité que nous leur assignons. Ce déplacement consiste dès lors à abstraire le concept de sa condition incarnée, à l’exonérer de sa réalité et de ses porteurs, afin que la question ne se pose plus à cette pensée en tant qu’elle est notre pensée – et nous renverrait dès lors à notre propre réticence ou incapacité – mais à la pensée en général – c’est-à-dire à la pensée vidée de sa teneur réelle – dans son rapport désormais abstrait à une réalité représentée comme « trop lointaine » pour elle. Ainsi l’adoption d’une telle approche, abstraite pour aborder la question du conceptuel a pour effet mystifiant, et a ceci d’intellectuellement protecteur, qu’elle permet d’entretenir l’impression que « la difficulté à avoir un véritable concept d’Afrique semble alors liée non à nous, à ce que nous faisons (vivre de la misère de l’Afrique) et ce que nous sommes, mais à la réalité même, en vertu de son simple être-une-réalité »11. Comment dès lors, dans un tel cas de figure concilier deux thèses dont une certaine philosophie plaçant Wittgenstein sous la tutelle de Hegel, aurait tendance à établir qu’elles demeurent entre elles inconciliables ? A savoir que d’une part nos concepts portent bel et bien sur la réalité, mais que d’autre part, cela ne signifie en rien que pour ce faire la réalité d’une manière ou d’une autre appartiendrait à l’espace du conceptuel, ni que toute réalité soit conceptualisable, ni doive le devenir. Une telle incompatibilité supposée entre les deux thèses présuppose qu’on ait déjà installé la question du rapport du concept au réel sur le terrain de l’accès. Dans une telle perspective, le recours à Wittgenstein loin de permettre l’affranchissement de la philosophie vis-à-vis du problème de l’accès, permettrait de montrer le point auquel ce problème demeure un faux problème dans la seule mesure où il deviendrait possible de montrer que celui-ci serait toujours déjà résolu au niveau des pratiques. C’est une telle solution prétendant neutraliser la clause externaliste dont Benoist ne veut pas, son théoricisme inséré au niveau des pratiques comme niveau de déploiement de l’espace cognitif présupposant adaptée le monde aux formats normatifs de nos pratiques, a pour effet de décharger le philosophe de la tâche d’élucidation – l’analyse – des présuppositions qui lestent le déploiement, ou entrave celui-ci, de notre conceptualité, elle situe l’espace du conceptuel au niveau où l’analyse ne peut et n’a pas à examiner celle-ci.

2. Perception : « avoir plutôt qu’accéder »

On risque de mal comprendre la position soutenue par Benoist dans Concepts, si on ne se déprend pas, ce que l’ouvrage se donne les moyens de faire, du motif de l’accès pour aborder la question de la perception. Il s’agit de se défaire d’une certaines présupposition philosophique moderne exigeant de la perception qu’elle soit conceptuelle, d’après laquelle la prise de contact de l’agent avec la réalité se réaliserait sous les modalités de l’accès. Ainsi, l’adoption d’une telle perspective implique qu’il faudrait pour que la perception mette l’agent en contact avec le réel que des « capacités conceptuelles » (McDowell) soient mobilisées à cet effet. Contre une telle ligne de raisonnement faussée, mais philosophiquement sédimentée, Benoist nous montre qu’il n’existe pas de point de vue désengagé de l’agent par rapport à la réalité à partir duquel il serait possible de reconstruire les modalités de sa mise en contact avec celle-ci.

Cette perspective est depuis le départ faussée puisqu’elle présuppose de l’agent ce qu’il n’est pas et n’a jamais été. Il n’est dès lors pas étonnant que dans un tel cas de figure on fasse jouer à la perception un rôle qui n’est pas du tout le sien, à savoir celui d’être conceptuelle. La détermination de la perception en termes « d’accès » et de « saisie », repose sur l’éviction du point de vue de l’agent à partir duquel il n’y a pas de moyen de situer l’analyse en amont de son contact perceptif déjà établi, continuellement établi avec la réalité. L’agent est de toutes les façons enfoncé depuis le départ dans le contact perceptif avec les choses. Autrement dit, ce n’est pas le contact qui présuppose la saisie conceptuelle, mais au contraire, la saisie conceptuelle qui fait fond sur l’existence de fait du contact. Le concept intervient donc dans un second temps, lorsqu’il s’agit de déterminer ce que l’on « a », à savoir d’emblée la présence des choses. Il y a bien des cas où une telle détermination s’avère insatisfaisante ou manquante comme c’est le cas pour le concept d’Afrique, mais précisément on ne manque jamais autant d’un concept que là où se pose le problème de notre dénuement par rapport à ce que nous avons, à savoir les choses elles-mêmes à l’état nu, autrement dit, là où nous demeurons dans l’incapacité de déterminer ce à quoi nous avons affaire.

On voit le point auquel la perspective théorique de Benoist se démarque radicalement de celle adoptée par McDowell, bien que leurs points de départ paraissent converger par leur exigence apparemment commune de renouer à partir de Wittgenstein, avec le point de vue de l’agent tel qu’il est, et non tel que reconstruit depuis une perspective métaphysique le mettant à distance du monde. Pour nos deux philosophes, si l’on pouvait détacher l’agent de son commerce installé avec la réalité on le perdrait inévitablement comme l’agent qu’il est. La question, et sur ce point l’approche de Benoist se démarque totalement de celle de McDowell du statut conceptuel ou non de cet ancrage est déterminante pour comprendre ce qu’une interprétation de Wittgenstein nourrie des problématiques de l’idéalisme allemand comme l’est celle de McDowell, peut avoir d’égarant et de finalement régressif par rapport à la question posée par Benoist du poids de réalité dont sont lestées nos pensées. Si la pensée est conceptuelle en revanche, ce qu’on serait tenté d’appeler sa « pesanteur », son poids de réalité – c’est-à-dire aussi le rapport de force auquel l’application du concept obéit – n’a rien de directement conceptuel :
« Le principe de l’analyse est donc le suivant : il faut rendre leur réalité aux concepts »12.
Ce que McDowell appelle dans Mind and World la « coopération »13 de la sensibilité aux opérations de la conceptualisation s’inscrit dans le cadre plus global d’une nature appareillée à l’espace des raisons. Pour McDowell en effet, le problème consistant à se demander si l’esprit est en mesure d’atteindre la réalité ne se pose que dans la mesure où a été perdu de vue dans cette demande même, le point d’articulation, où la prise conceptuelle se révèle toujours déjà établie. Une des thèses fondamentales soutenues par McDowell porte sur le caractère « illimité » de l’espace conceptuel. Cette thèse consistait à inscrire la pratique de l’agent dans un espace cognitif flexible capable de s’approprier les composantes de la réalité extérieure requises pour la réalisation de la pratique en question, autrement dit, d’un espace cognitif capable de régler le monde à la mesure des prestations intentionnelles de l’agent qui s’y rapporte. Or toute la difficulté reste de faire des concepts ce qui conditionne la possibilité d’une telle expérience. Pour McDowell, la réalité est là où quelqu’un en fait l’expérience, et de manière privilégiée via les transactions effectuées par l’agent avec le monde au niveau des pratiques dont l’un d’entre elles compte plus que les autres dans l’économie de Mind and World, à savoir la perception.

Dans la perspective de McDowell la réalité « extérieure » fait partie intégrante de l’espace du conceptuel selon un externalisme des plus ambigus où l’intentionalité ne rencontre plus que de l’intentionnel au niveau du monde lui-même. Benoist avait pu conjurer cette séduction de la circularité en reproblématisant dans Sens et sensibilité le réel depuis la perspective de son silence constitutif vis-à-vis de l’intentionalité. Cette inscription contextualiste dans ce que Benoist appelle magnifiquement « le sol raboteux du réel » est cruciale pour comprendre les enjeux de l’analyse présentés dans Concepts. Benoist pouvait soutenir alors :
« Nous résisterons à cette ligne d’analyse dans la mesure exacte où il nous semble que, tout en externalisant ainsi l’intentionalité, elle tend excessivement à faire de cette extériorité quelque chose d’interne et d’intrinsèque à l’intentionalité même, et méconnaît par là même ce que nous appellerons, suivant notre motif austinien initial, pour ainsi dire généralisé, le fondamental silence du réel, en tant que fond inéluctable de toute intentionalité »14
C’est pourquoi il est fondamental concernant la perception de se garder de confondre contact et accès, si la perception établit bel et bien le contact avec les choses, ce dont on ne saurait douter, il n’y a aucune raison pour qu’un tel contact s’effectue sous le patronage du conceptuel. Mais au-delà de cette question, on aura compris que l’adoption d’une telle option théorique, où le contact se confond avec l’accès puisqu’une telle confusion entraîne avec elle l’assertion néo-hégélienne d’après laquelle la réalité est de part en part conceptualisée, sinon conceptualisable, bref qu’il n’y a de réalité et d’expérience de la réalité que là où du conceptuel entre en jeu, ce que précisément, comme on l’a vu l’externalisme quant à lui récuse. Il existe des réalités dont nous faisons l’expérience et qui résistent comme telles à la conceptualisation, et c’est le déni de ce déphasage que dénonce Benoist au travers de ce qu’il nomme « une conception paresseuse du concept, comme si sa coaptation avec le réel allait de soi »15.

Qu’est-il possible de dire dès lors de la perception ? Tout d’abord que son mode de contact aux choses mêmes dont nous faisons l’expérience n’établit en rien que celles-ci nous seraient en quelque façon « données », dans une sorte de primauté dont il faudrait s’étonner et poser comme une énigme, celle que nourrit une certaine phénoménologie. En effet, un tel étonnement extatique présuppose de l’exaltation qu’elle occasionne sur la perception une prise de distance par rapport à l’ancrage de la perception au réel, dans un tel cas de figure nous ne pouvons pas ne pas avoir « ce que nous avons de toute façon »16, là où l’insistance sur le fait que les choses mêmes nous soient « données » présuppose qu’elles puissent nous être retirées ou refusées, donc qu’une distance même potentielle nous démarque de notre contact inexorable aux choses que nous avons. Il paraît alors évident que le contact perceptif à la réalité ne requiert aucune forme d’engagement conceptuel, et ainsi aucune médiation de type représentationnel. Pour autant, c’est dans un sens qui n’a rien de conceptuel que Benoist élabore une détermination de type représentationnelle adaptée à la nature de la perception, au sens où « représentation » peut être entendu comme la modalité simplement psychologique de ce qui est présent : la chose telle qu’elle est simplement présente à la perception jamais « saisie » à partir de modalités représentationnelles extrinsèques/médiatrices aux choses présentes à la perception. Cependant, il paraît évident que la restriction du conceptuel à une sphère de médiations psychiques assurant de l’extérieur de son immersion pratique en celui-ci la médiation entre l’esprit et le monde est tout autant combattue par McDowell, et lorsque ce dernier thématise le caractère conceptuel de la perception ce n’est certainement pas au sens de la réintroduction d’une entité intermédiaire entre l’agent de la perception et le monde. A ce titre l’intentionalité de la pensée n’a rien à voir pour McDowell avec une quelconque modalité représentationnelle17. Dans une telle refonte de la notion de concept McDowell peut soutenir aisément que la perception est bel et bien conceptuelle sans que cela implique pour elle qu’elle soit en une quelconque façon représentationnelle. Pour autant, comme l’ont bien souligné Charles Travis18 et Jocelyn Benoist ces dernières années, raisonner sur la perception en termes conceptuels implique d’une manière ou d’une autre une adhésion plus ou moins tacite au paradigme représentationaliste quel que soit le degré de sophistication de cette adhésion. Si l’on raisonne sur la perception en termes de contenu conceptuel on implique de celle-ci qu’elle puisse porter la charge de la vérité ou de la fausseté, c’est-à-dire qu’on aménage une distance au moins minimale par rapport aux choses, distance que la théorie benoistienne de la « représentation » comme « présentation » (ou « présence ») a pour immense avantage de ne pas impliquer. Ce qui a une double conséquence : d’une part, l’impossible reconduction de la représentation à la sphère de la délégation, et d’autre part, la notion de représentation s’avère être un rempart au représentationalisme y compris sur le mode d’un conceptualisme rénové, puisqu’en tant que telle, elle n’implique aucune dose de conceptualité, c’est-à-dire de mise à distance vis-à-vis de la réalité même minime. C’est seulement dans une telle perspective que la pensée de ce que Benoist appelle « le contact » peut être établie dans sa distinction cruciale avec toute forme « d’accès » y compris rénové.

La représentation au sens où Benoist l’entend, s’établit là où la pensée n’a pas commencé d’intervenir, alors que pour McDowell la perception témoigne du fait que la pensée est partout et que c’est omniprésence qui gère l’adhérence harmonieuse de l’agent à la réalité.

3. Limites ou bornes des pensées ?

Ce n’est pas parce que l’expérience n’a rien de conceptuel que pour autant le conceptuel serait déconnecté de l’expérience, il n’est tout simplement pas cette expérience, ce qui ne veut pas dire alors comme une certaine philosophie en infère, qu’il n’a rien de commun avec cette expérience, qu’il est impuissant à la saisir.
Au contraire, il existe de nombreux concepts qui n’ont absolument aucun sens détachés de l’expérience à partir de laquelle ils émergent. Le concept n’est pas acculé à la généralité qui le maintiendrait à une distance infinie de l’expérience, et c’est ce que montrent les exemples mobilisés par Benoist des « sorbets de la gelateria de la via dei Gracchi à Rome » où l’essence du fruit se révèle être dans le sorbet lui-même, je ne goûte pas seulement un exemplaire de la mandarine, mais le concept de mandarine se confond avec cette expérience-ci, il n’est pas à part par rapport à celle-ci : si on demande alors ce qu’est la mandarine, l’expérience faite ici est élevée au rang de paradigme, et le concept n’est pas détachable de cette expérience précise ‘qui l’incarne : dans un tel cas de figure le concept n’est pas isolable par rapport à son incarnation particulière faite paradigme. Ce qui ne veut pas dire du reste que sans cette expérience précise effectuée, il resterait impossible de disposer du concept de citron, l’expérience constituante peut être autre, certes, mais il n’est pas possible qu’aucune expérience constituante ne soutienne l’élaboration de ce genre de concepts. C’est pourquoi au lieu de la représentation du concept comme généralité subsumant la particularité, Benoist préfère la notion de type19 construit sur la base de l’expérience : un particulier qui devient la norme de la particularité. Dans un tel cas de figure, les concepts sont élaborés à même l’expérience, et celle-ci se voit incluse dans la pensée d’un certain objet. La question reste alors posée du caractère idiosyncrasique de concepts où l’expérience est faite paradigme. C’est à la résolution de cette difficulté apparente, celle de la possibilité d’un « entendement radicalement idiosyncrasique »20 qu’est consacrée la quatrième partie de Concepts. Il n’est en rien certain en effet que la question de l’application de tels concepts ne soulève celle qui lui est corrélée de la densité ontologique dont sont faites nos pensées, et sur le terrain duquel doit nous ramener le travail d’analyse. Ce sol qui n’est rien d’un « monde de la vie » si l’on fait usage de cette notion dans le sens d’un prétexte permettant de diluer la portée réelle, c’est-à-dire la composante de force qui anime nos pensées et qui, comme telle, si elle demeure indissociable du concept qu’elle détermine, ne relève en rien de la composante représentationnelle de celui-ci, même dans un sens élargi. En effet, en tant que concepts typiques, ces derniers, pour s’appliquer, peuvent s’appuyer sur une gamme très riche de paradigmes qui serviront d’autant d’exemples par la médiation desquels l’application du concept deviendra possible, puisque de tels concepts ne reposent pas sur un contenu définitionnel abstrait isolant les traits caractéristiques de l’objet pour sa reconnaissance. Aussi par ce caractère constitutivement flou du concept, il faudra accepter que l’application de celui-ci circule entre plusieurs exemples en fonction de l’objet auquel le concept s’applique, mais également plusieurs exemples pour le même objet, et cela parce que par définition aucun exemple précis dont le matériau demeure relatif à une expérience singulière n’est en mesure de coïncider pleinement avec la rencontre d’un objet similaire ou ressemblant, et pour cette raison potentiellement à cheval sur deux ou plusieurs paradigmes. De tels concepts typiques impliquent donc non pas que la pensée en vienne à devoir flotter entre plusieurs concepts, mais que le flottement procède d’un seul et même concept, et ce entre plusieurs exemples satisfaisant à son application. Cependant, cette dernière n’en demeure pas moins emprunte d’un caractère énigmatique : le fait de faire dépendre la teneur du concept de certaines applications privilégiées qui en sont faites aboutit inéluctablement à une forme de circularité. La solution préconisée par Benoist devant une telle difficulté apparente consiste à s’en prendre à la question même qui ne peut avoir de sens que dans la mesure où l’on a déjà perdu de vue de quoi on cherchait à parler, à savoir du concept. Il n’existe pas de méta-niveau où se placer, ni de méta-concept à même de fournir une explication de l’application de nos concepts, la raison de leur application est dans leur application même.

Attendre des raisons externes à l’application du concept en question une compréhension au niveau où le concept est abstrait de son application effective, c’est confier le fonctionnement de nos concepts à un fondement qui serait hors d’eux, c’est-à-dire attendre confondre les critères d’une pensée avec ses « symptômes », qui constituent autant d’« ombres » au sens wittgenstano-travisien, relativement à la pertinence du concept. C’est pourquoi il faudra prendre à la lettre la problématique de l’analyse comme excédant la sphère du contenu représentationnel : la réalité dont se trouve lesté un concept n’est rien d’extrinsèque à ce concept, l’analyse doit le prendre en compte comme relevant de ce concept, bien qu’il n’appartienne pas à sa composante représentationnelle.
Aussi Benoist insiste-t-il sur le caractère borné des concepts, il n’y a pas moyen d’aborder le concept de l’extérieur de lui-même car la pertinence de l’application d’un concept n’a de sens qu’en situations, et il n’est pas possible de dresser la liste infinie de nos rencontres possibles avec le réel. Nous ne pouvons pas savoir quelle est la limite de nos concepts, tout simplement parce qu’il nous est impossible d’anticiper tous les cas où la question de leur application se pose :
« Nos concepts sont bornés – et non limités – parce qu’ils n’ont pas la connaissance intégrale de leur limitation »21.
On voit bien ici à quel point la théorie besnoistienne coupe court avec toute tentation néo-hégélienne consistant à poser comme exigence constitutive du concept qu’il soit en mesure de fixer ses propres limites. Le caractère borné de nos concepts va de pair avec l’ancrage dans une réalité qui n’a rien d’intentionnelle, alors que le concept chez McDowell trie les fragments de la réalité qui lui sont « pertinents », de sorte que cette auto-limitation du concept est en même temps l’avers du caractère nécessairement « illimité » du conceptuel : le concept parce qu’il est au principe de sa propre limitation, ne connaît aucun bornage qui interviendrait du côté du réel, tout simplement parce que cette extériorité du réel appartient de plain-pied chez McDowell à l’espace du conceptuel, il s’agit d’une extériorité relative au conceptuel. Benoist désactive le faux contre-argument néo-hégélien consistant à objecter que si le concept est borné par le réel alors il n’y a aucun moyen pour nos pensées d’atteindre ce même réel d’une façon qui permette de justifier nos croyances, mais un tel contre-argument n’est d’aucune efficace en l’occurrence. Il n’y a donc aucune incompatibilité entre le caractère borné de nos concepts et leur capacité à atteindre le réel. Autrement dit, il n’y a aucune incompatibilité entre la capacité de nos concepts à atteindre le réel d’une part, et d’autre part, que se pose vis-à-vis d’eux par rapport à certains cas la question de la possibilité de leur application. C’est pourquoi la question de la flexibilité s’interroge non au niveau du contenu représentationnel du concept mais au niveau de son appartenance à la réalité, de son ancrage au socle du réel, la question de l’analyse est fondamentalement corrélée à celle de la flexibilité des concepts.

4. Flexibilité et analyse

Il faut admettre la part « d’impensé » de nos concepts, c’est-à-dire cette part d’eux-mêmes qui les rend applicables à des situations inédites, tout en acceptant que cette dimension n’appartient pas à leur sphère représentationnelle. Il n’y a pas de limites déterminable a priori concernant l’applicabilité de nos concepts, mais un tel bornage du conceptuel fonctionne tout autant comme un principe d’ouverture. C’est pourquoi l’erreur serait d’être tenté ici de confondre à nouveau et subrepticement « bornes » et « limites », car l’impensé de nos concepts ne relève pas de la sphère d’une pensée non encore actuelle, latente, autrement dit d’une pensée implicite22. Il faut prendre dans le décompte des composantes du concept, la pensée et ce qui n’appartient pas à la sphère de cette pensée, mais la rend possible, à savoir la densité réelle du concept, ce que Benoist appelle la « nature », l’« être », le « corps » de nos pensées.

Or l’analyse précisément entre dans le corps de cette pensée pour comprendre ce qui la détermine comme la pensée qu’elle est, ce qui précisément ne relève pas de la scène de sa représentation, et ne doit pas non plus être pensé comme une extension non représentationnelle de la sphère du conceptuel, ainsi que McDowell le suggère des pensées de re. McDowell considère que les pensées de re impliquent constitutivement que l’agent cognitif soit effectivement en relation avec l’objet en question visé par sa pensée. Le coup retors de McDowell est d’inclure cette dépendance sous-jacente/déterminante de la pensée à l’égard d’éléments qui lui sont extérieurs, dans l’espace même de cette pensée. Le point de vue de l’analyse requiert au contraire de déceler la composante de force qui œuvre à faire de nos pensées ce qu’elles sont, c’est-à-dire à interroger ce qui leur est sous-jacent et constitutif comme relevant de leur facticité. Dans une perspective comme celle de McDowell au contraire, l’analyse du concept est astreinte à devoir demeurer une analyse formelle, au sens où les conditions effectives de la mise en œuvre d’une pensée ne sont rien de véritablement extérieures à cette même pensée (en tant que de re). A aucun moment dans une telle perspective n’est vraiment assumée dans l’analyse ce que Benoist appelle la « suture » du concept avec la réalité, c’est-à-dire « le type de pacte constitutif qu’il passe avec celle-ci et la façon dont il émerge, comme un certain type de partage possible, d’un certain nombre de conduites, d’attitudes et de dispositifs réels, dans lesquels un espace de jeu est créé pour ce partage »23. Une telle « suture » est inhérente au concept tout en n’appartenant pas à l’espace de la représentation, c’est-à-dire qu’à travers celle-ci un certain type d’accord implicite est passé entre le concept et la réalité, accord qui est constitutif du caractère du concept et ainsi des modalités concrètes de sa mise en oeuvre qui ne procèdent jamais seulement de la sphère de la représentation. Benoist renverse la perspective néo-hégélienne qui voudrait que la réalité se mette au service de la conceptualité, le point de vue de l’analyse sonde au contraire la manière dont c’est en réalité le contraire qui a lieu, c’est le conceptuel qui est au service d’une réalité déterminée le plus souvent par un rapport de force. Un concept condense des rapports de force réels qu’il avalise implicitement et que le point de vue philosophique centrant toute son attention sur la teneur représentationnelle du concept est vouée à devoir toujours manquer. L’analyse permet de faire ressortir les composantes idéologiques cachées sous l’application apparemment neutre d’un concept. Il s’agit de l’exemple des agents de préfecture chargés de livrer ou de refuser des permis de séjour aux étrangers. Or il se trouve, d’après l’enquête d’Alexis Spire24 que de tels agents ont tendance à ne pas respecter les procédures auxquelles ils sont assignés (perte de dossiers, demande d’un document qui n’est pas nécessaire etc.). L’erreur serait de penser que les agents contredisent ou se mettent en porte-à-faux par rapport au concept de leur activité, et de mettre la question de la force (le planton, ou la société de sécurité privée censée faire régner l’ordre dans les files d’attente) à l’extérieur hors du dispositif conceptuel, ici le concept répond bien à la réalité à laquelle il s’ancre, s’il ne répond pas apparemment à sa représentation, il adhère pleinement aux conditions réelles de sa mise en œuvre, autrement dit, l’application du concept requiert la transgression apparente de celui-ci. C’est pourquoi si l’analyse s’en tient à la réduction du contenu d’un concept à celui de son contenu représentationnel, il ne peut que manquer de prendre en compte cette composante de réalité par laquelle quelque chose se trouve accordé à l’application du concept, venant insuffler l’orientation et le style de sa mise en œuvre. L’analyse a pour objectif de nous soumettre à l’épreuve de cet impensé enrobant la conceptualité, et qui comme tel, implique, parce qu’il situe l’exigence à un niveau qui n’a pas exactement trait à celui de l’intellectualité, pour tout un chacun – au premier chef le philosophe – d’avoir à s’éprouver à ses propres résistances – consistant à se réfugier du côté d’un primat fétichiste de la représentation – résistances, que l’analyse se fixe pour tâche d’avoir à lever (d’où l’affinité du concept benoistien d’analyse avec le sens qu’il revêt en contexte freudien).

Le travail de Benoist permet de nouer la contrainte réaliste à laquelle se trouvent assignées nos pensées, à la problématique idéologique qui peut commander leur mise en œuvre effective. C’est à cette condition que la phénoménologie pourra se réconcilier enfin, un siècle après son invention, avec la réalité à laquelle l’intentionnalité prétendait ouvrir l’accès et cela au détriment du coup de sonde phénoménologique que requiert l’élucidation de l’ancrage au réel de nos pensées, et ainsi des rapports de force auxquels obéissent nos représentations, lesquelles, pour cette raison, n’ont plus rien de l’idéalité d’un sens conquérant et absolu.

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Regards croisés

  1. cf. Jocelyn Benoist, Sens et sensibilité, Cerf, 2009
  2. Jocelyn Benoist, Concepts, introduction à l’analyse, Cerf, coll. Passage, 2010
  3. Jocelyn Benoist, Les limites de l’intentionnalité, Vrin, 2005
  4. Jocelyn Benoist, Concepts. Op. cit., p. 195
  5. Ibid. p. 187
  6. Ibid. p. 17
  7. Ibid.
  8. Ibid. p. 33
  9. Ibid. p. 34
  10. Ibid. p. 35
  11. Ibid. p. 31
  12. Ibid. p. 188
  13. J. McDowell, L’Esprit et le monde, tr. fr. C. Alsaleh Paris, Vrin, 2007, p. 41.
  14. J. Benoist, Sens et sensibilité, op. cit. p. 157.
  15. J. Benoist, Concepts, p. 34.
  16. Ibid. p. 48
  17. Cf. J.McDowell, « Wittgenstein on Following a Rule », in A.W Moore (ed.), Meaning and Reference, Oxford, Oxford University Press, p. 257-293.
  18. Cf. notamment de C. Travis, Les liaisons ordinaires, tr. fr. B. Ambroise, Paris, Vrin, 2003, p. 234 et sqq.
  19. Il revient toutefois ne pas confondre le type avec un signe, ainsi que le met en garde Benoist.
  20. Ibid. p. 133
  21. Ibid. p. 155
  22. Ibid. p. 184
  23. J. Benoist, Concepts, p. 187.
  24. A.Spire,, cité par Benoist, Concepts, p. 190 et sqq.
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