Entretien avec Michel Leter : autour du Capital. L’invention du Capitalisme (partie III)

Ceci constitue la suite et la fin d’un long entretien, dont la précédente partie se trouve à cette adresse.

D : La critique de Marx

AP : A écouter vos réponses, je me demande si vous n’êtes pas marxiste sur au moins deux points. Le premier porte sur la notion de « capitalisme » : certes, vous la contestez mais vous utilisez tout de même la notion d’ « anticapitalisme ». Que peut alors signifier une réalité anticapitaliste si le capitalisme est lui-même dénué de réalité ?

Par ailleurs, il me semble qu’à plusieurs reprises, vous avez raisonné selon des intérêts de classes, notamment sur la question de la prétendue « marchandisation du monde », en répondant à mon objection initiale par la convocation des intérêts de ceux qui détiennent le monopole de l’enseignement et qui n’ont donc pas intérêt à voir l’enseignement devenir un marché libre. Mais n’est-ce pas réduire le problème de la marchandisation de manière très marxienne ou marxiste à des questions d’intérêts de classes ? J’entends bien que l’on peut considérer qu’il y a des intérêts objectifs de classes sans être marxiste, mais utiliser cet argument n’est-il pas malgré tout un geste inspiré par Marx ?

ML : Oui, l’usage d’un antonyme sans référent semble paradoxal. L’anticapitalisme existe, c’est même le système dominant et le « capitalisme » n’existe pas. Mais en employant son antonyme, je suggère qu’il pourrait exister, dans un système où le capital serait le moteur de l’économie. Le capitalisme est donc la dernière utopie. La seule qui n’ait pas encore été essayée. Encore une fois, dans la théorie libérale française que je fais mienne l’antagonisme n’oppose par les bourgeois aux prolétaires mais les spoliateurs aux spoliés.

Quant aux enseignants, en France, ils ne forment pas une classe mais une caste car on ne peut réduire une classe, du point de vue « marxiste », à une corporation. Soit l’enseignement est libre et chaque enseignant ou groupe d’enseignants est libre de vendre ses services comme il l’entend et donc l’enseignement redevient une marchandise, comme au XIIe siècle – époque où la licentia docendi vaut hic et orbi terrarum, c’est-à-dire « à Paris et sur toute la terre » – et il faut s’en réjouir. Soit l’enseignement n’est pas libre, reste un monopole d’État et donc, effectivement, il n’est pas une marchandise. Il n’y a visiblement que les marxistes que cela satisfait.

AP : Si je puis préciser un point : Ma question ne portait pas spécifiquement sur les enseignants mais sur le type d’arguments qui désamorce un problème en déportant la question vers celle des intérêts. Ce type d’arguments me semble marxiste au sens disons du soupçon : nous soupçonnons que derrière telle ou telle idée se dissimulent des intérêts (de classes ou d’autres).

ML : Je laisse l’ère du soupçon à Marx. Je me contente d’observer.

AP : Revenons alors à l’ouvrage. Celui-ci produit également une longue et patiente critique de Marx et de ses concepts, en abordant plusieurs points de vue. Que reprochez-vous en premier lieu à l’approche marxienne du capital ?

ML : Je lui reproche simplement de ne pas s’approcher du capital. Le capital pour Marx n’est que la métaphore de ses fantasmes antisémites. On ne peut prendre un délire même si l’auteur nous l’assène en trois livres comme fondement d’un réflexion sérieuse sur le capital.

AP : Vous consacrez en effet de nombreuses pages aux propos de Marx sur le judaïsme et sur les Juifs, pages qui, je dois dire, sont extrêmement troublantes et apportent notamment à La question juive un éclairage plus que dérangeant. Toutefois, je ne suis pas entièrement sûr que les analyses de Marx sur le capital soient solubles dans ses seuls « fantasmes antisémites ».

Quoi qu’il en soit, un des fronts porte aussi sur la notion de « classes sociales ». Mobilisant l’école française, vous rappelez que pour Condorcet, qu’on ne lit d’ailleurs pratiquement plus, c’est l’antagonisme des classes qui alimente la tyrannie car les excès de l’individualisme peuvent être régulés par la loi alors que rien ne régule les abus du collectivisme. Les classes sociales ne sont pas pour lui des réalités socio économiques mais des artifices créés par la loi. Condorcet, dites-vous, avait compris que le travail ne saurait s’opposer au capital puisqu’il est le fruit du capital, de la terre, métonymie de la création et condition de la création. Mais je crois que le cœur du problème est dans la notion d’intérêt : Condorcet considère qu’il existe un intérêt unique pour toutes les classes de la société, ce que conteste Marx qui y voit un outil idéologique légitimant la domination – nous reviendrons sur la notion d’idéologie sous peu. Et là j’avoue que j’ai eu du mal à comprendre votre position eu égard à la lutte des classes : considérez-vous comme Condorcet que les intérêts sont les mêmes pour tous, ou admettez-vous l’existence d’une lutte des classes en un sens non-marxiste, par exemple au sens de Destutt de Tracy dont vous résumez ainsi la position : « La lutte des classes n’oppose donc pas la bourgeoisie au prolétariat mais la métaclasse capitalienne, c’est-à-dire le plus grand nombre (incarnant ce que l’on peut désigner à proprement parler comme la nation) à la minorité agissante et dominante que représente l’hyperclasse spoliatrice, qui détourne la démocratie représentative en interdisant aux individus de disposer librement de leurs facultés, étant entendu qu’une société dont la prospérité repose sur l’universalité du capital, quel que soit son régime, doit « avoir pour base la libre disposition des facultés de l’individu et la garantie de tout ce qu’il peut acquérir par leur moyen ». »1

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ML : J’admets effectivement l’existence d’un antagonisme social mais au sens que donne à cette notion l’école française – à qui Marx, une fois n’est pas coutume, confesse sa dette – en admettant que « des historiens bourgeois avaient exposé » bien avant lui « l’évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l’anatomie économique ». J’identifie les auteurs auxquels fait allusion Marx et brosse un panorama de leur approche du capital : Quesnay, concepteur de la notion de classe ; Condorcet, le premier des républicains ; Destutt de Tracy, père de l’idéologie ; Augustin Thierry, historien de la spoliation ; Charles Dunoyer, auteur du texte fondateur de la lutte des classes et Adolphe Blanqui, premier historien de la pensée économique, autant d’esprits qui observent que le capital est universel et que, tandis que les excès de l’individualisme sont régulables par la loi et que rien ne régule les abus du collectivisme, le véritable antagonisme de classe n’oppose pas ceux qui accapareraient le capital à ceux qui en seraient privés mais ceux qui le créent à ceux qui vivent de sa destruction. C’est ainsi que Charles Dunoyer résume le véritable antagonisme de classes, qui selon l’école française n’oppose pas la bourgeoisie au prolétariat mais les spoliateurs aux spoliés, dans son texte fondateur publié dès 1818 dans Le Censeur européen : « De la multiplication des pauvres, des gens à places et des gens à pensions ». C’est chez Dunoyer qu’apparaît l’idée, avant Marx, que la sphère sociale se divise en deux ensembles antagonistes. Mais, au lieu d’opposer frontalement les classes, la ligne de clivage passe au sein même des classes sociales, qui sont des catégories trop vagues pour rendre compte des intérêts en conflit : « Il n’existe dans le monde, souligne Dunoyer, que deux grands partis, celui des hommes qui veulent vivre du produit de leur travail ou de leurs propriétés, et celui des hommes qui veulent vivre sur le travail ou sur les propriétés d’autrui.».

AP : D’une certaine manière vous aviez répondu à ma question puisque vous écriviez ceci : sur les classes sociales : « non seulement Marx n’apporte rien de nouveau mais encore il pervertit la doctrine libérale des classes, qui était déjà celle d’une société sans classes, en dénaturant sa portée. Sa théorie de l’exploitation vise à dissimuler la spoliation légale (…) et à désarmer, au profit de l’ « avant-garde » du prolétariat (lisez « des oligarchies »), le véritable antagonisme de classe qui oppose la métaclasse capitalienne des spoliés aux minorités spoliatrices de l’hyperclasse anticapitaliste. »2 Quand vous écrivez « vise à dissimuler la spoliation légale », est-ce à dire que Marx protège des intérêts particuliers en dissimulant leur exercice par la dénonciation d’un autre processus, celui de l’exploitation ? Mais quel intérêt Marx aurait-il à produire ce leurre ?

ML : Comme vous le dites Marx sert effectivement, comme d’autres révolutionnaires professionnels à son époque, des intérêts particuliers qui sont à la fois ceux de certains États et de certaines banques qui entendent profiter du nationalisme, du bellicisme et de la démagogie « sociale » pour en tirer des rentes. Nous savons, comme je le rappellerai dans le livre II en évoquant le mythe du capitalisme américain que Le Manifeste du parti communiste n’est pas tombé du ciel mais est un libelle de commande financé par des banques américaines engagées dans la lutte contre les jeffersoniens et les jacksoniens pour obtenir des États-Unis la fondation d’une banque nationale privilégiée sur le modèle de la Banque d’Angleterre, ce qui a conduit Marx et Engels à travailler dans l’urgence et à plagier Le Manifeste de la démocratie pacifique de Victor Considerant, comme l’a prouvé le marxiste Warlam Tcherkessof. Le point le plus important du programme du parti communiste est le point 5 : « Centralisation du crédit entre les mains de l’État, au moyen d’une banque nationale, dont le capital appartiendra à l’État et qui jouira d’un monopole exclusif », ce qui à l’époque va à l’encontre des tendances décentralisatrices du socialisme Proudhonien (Proudhon suggérait plutôt la formation d’une Banque du peuple mutualiste, projet que soutiendra Bastiat…). On nous dit que le marxisme recule aujourd’hui alors que le point 5 du programme du parti communisme a triomphé sur toute la surface du globe. Le caractère juridiquement « privé » des grandes banques centrales est un faux-semblant puisqu’elles se passent de capitalistes et que le système des « réserves fractionnaires » leur permet de fonctionner avec des fonds propres dérisoires.

AP : Restons quelques instants avec Destutt de Tracy (1754-1836), auteur également oublié, plus encore que Condorcet, pourtant auteur d’une œuvre importante et majeure. A ses yeux, dès lors que les individus disposent de leurs moyens, ils ne peuvent être distingués par leur classe. La divergence d’intérêts n’est alors pas liée, mais elle provient du fait non pas que le travail n’est pas payé – disons de l’exploitation – mais du fait que les salariés ont intérêt d’être payés cher. « Cette différence d’intérêt ne donne pas lieu à une exploitation mais est plutôt la source de l’instrumentalisation de l’État par ceux qui parmi les entrepreneurs font le choix d’intriguer politiquement contre le capital dans l’espoir de légaliser la spoliation à leur profit sous prétexte de défense du travail « national ». »3 Si je comprends bien votre analyse, l’État est ici mis au service de certains entrepreneurs appartenant à l’hyperclasse ; ne rejoint-on pas ici certaines analyses marxistes pour lesquelles justement l’Etat n’est jamais qu’un organe mis à disposition de la classe dominante en vue de préserver ses propres intérêts ? C’est ce que font par exemple les époux Pinçon en écrivant Le Président des Riches où ils défendent la thèse selon laquelle l’oligarchie a pris d’assaut l’Etat pour le mettre à son propre service par la médiation supposée de Nicolas Sarkozy. N’est-ce pas simplement le lexique qui change par rapport au marxisme, l’idée de fond demeurant la même ?

ML : Mais qu’est-ce que « la classe dominante » ? Est-ce la bourgeoisie ou l’oligarchie étatiste et protectionniste qui ne forme pas tant une classe qu’une caste ? Il est révélateur que Marx, qui critique longuement ce qu’il croit être la doctrine de Destutt de Tracy, le qualifie de « zélateur à froid de la doctrine bourgeoise » [littéralement der fischblütige Bourgeoisdoktrinär, « le doctrinaire bourgeois à sang de poisson »] et poursuit l’éreintement dans le livre II du Capital en stigmatisant chez Destutt le « crétinisme bourgeois dans toute sa béatitude ». Marx se doute-il un instant qu’il n’a pas affaire à un bourgeois mais à un représentant de la fine fleur de l’aristocratie française, issu d’une longue lignée d’auxiliaires écossais du roi de France ? Ce n’est qu’au moment de la proclamation de « la république » qu’il sera contraint de délaisser ses devoirs militaires pour embrasser la carrière philosophique. Il écrira un Traité d’économie commandé par le plus illustre de ses élèves, Thomas Jefferson. Cet aveuglement et ce mépris de Marx pour un des plus grand représentants de la pensée française par Marx n’est jamais relevé.

AP : J’avais évoqué plus haut la question de l’idéologie. Là aussi, vous montrez que dans la guerre idéologique – c’est le cas de le dire ! – qui anime nos sociétés, le sens marxiste a pris le dessus – et vous m’avez d’ailleurs reproché tout à l’heure d’utiliser « idéologique » au sens de Marx. Et l’un des aspects de cette guerre est l’oubli des « idéologues », ces penseurs français qui étudiaient la formation des idées. Stendhal lui-même était un idéologue. Comment expliquez-vous cet oubli des idéologues en général et de Destutt de Tracy en particulier ?

ML : Outre qu’il avait su proposer une improbable synthèse entre l’esprit libéral et les « vertus républicaines », notamment en matière d’éducation, après Thermidor, modèle qui embarrasse aujourd’hui ceux qui réduisent les valeurs de la république à la redistribution, les idéologues ont été occultés parce qu’il était crucial pour assurer la fortune de la fiction capitalisme d’obtenir l’unanimité des universitaires, quelle que fût leur obédience, sur la conception marxienne de l’idéologie, mot volé à Destutt de Tracy et détourné de son sens premier. Les idéologues doivent donc être occultés parce qu’ils ont élaboré une conception capitalienne de l’idéologie. La science de la formation des idées devient dangereusement pour les marxistes une science de la formation du capital. Or, toutes les sciences dites de l’homme, qui fournissent aujourd’hui l’essentiel de la production de valeurs herméneutiques, procèdent du détournement marxien du mot idéologie. Il est donc de première importance pour la production universitaire actuelle d’effacer les traces du sens propre de l’idéologie. Destutt de Tracy voit se dessiner ce mouvement, initié par d’anciens jacobins comme Bonaparte, dès les premiers temps du Consulat :

« C’est ainsi que l’on a vu des hommes, novateurs effrénés, coiffés d’un bonnet rouge, accuser les philosophes d’être des réformateurs timides, et des amis froids du bien de l’humanité, qui maintenant les accusent d’avoir tout bouleversé et en conséquence travaillent sans relâche à renverser encore les institutions utiles que ces mêmes philosophes sont parvenus à conserver ou à établir au milieu des murmures et des proscriptions. »

Avant de se sacrer et de lancer l’Université impériale, Napoléon prendra donc soin, en 1803, de supprimer la deuxième classe de l’Institut, celle des sciences morales et politiques, animée alors par les idéologues. L’économie est proscrite des institutions républicaines, ce qui signe leur conversion anticapitaliste.

AP : Vous contestez donc la définition marxiste de l’idéologie, sorte de vision du monde par laquelle la classe dominante légitime sa domination et la fait passer pour « naturelle » ou « normale ». Et à la question de savoir pourquoi Marx pense de la sorte l’idéologie, vous répondez ainsi : « La raison pour laquelle Marx réduit l’idéologie à l’inversion du réel censée être cultivée par toute classe dominante, c’est que son objet n’est autre que la faculté de penser qui est le premier capital immatériel de tout homme, indépendamment de sa classe, capital initial sans qui les autres capitaux ne sauraient se former. »4 Pourriez-vous expliciter ce lien : en quoi le fait que l’idéologie au sens marxien ou marxiste soit la pensée, donc le capital immatériel, motive-t-il la définition marxiste de l’idéologie ?

ML : L’acception marxienne d’un système d’idées imaginaires cristallisées par une classe dominante qui utilise à la fois l’économie, l’éducation et l’appareil pour l’imposer aux autres classes procède de sa théorie de l’exploitation de l’homme par l’homme et de son refus de principe de toute harmonie sociale.
La sagesse populaire élémentaire est rebelle à cette idée. On peut l’illustrer par ce proverbe chinois « Quand les gros sont maigres, les maigres meurent ». Autrement dit, supposer qu’une classe sociale puisse se soustraire à l’ensemble de la société en constituant un capital qui serait en quelque sorte autarcique et qui ne servirait que ses intérêts, c’est nier la coopération sociale volontaire sans laquelle le capital est impensable.

AP : Ne pourrait-on pas penser que plusieurs définitions de l’idéologie sont compossibles et que l’idéologie peut avoir du sens aussi bien comme entreprise de dissimulation/légitimation d’une domination que comme étude de la formation des idées ? Lorsque Marx analyse par exemple l’aspect idéologique de la Déclaration des Droits de l’Homme légitimant la propriété privée, en en faisant un droit inaliénable et sacré, ne touche-t-il pas du doigt un aspect essentiel des intérêts bourgeois ? En quoi le grand intérêt de la définition par les idéologues est-il incompatible avec l’approche de Marx ?

ML : Non. Cette critique de la déclaration des Droits de l’homme, qui se trouve dans Sur la question juive du « jeune » Marx (on se plaît à ajouter « jeune » pour le dédouaner), participe de l’acharnement antisémite de Marx contre la prétention des juifs à exiger la citoyenneté. Je suis navré de ne pas pouvoir vous donner un coup de main pour sauver la dérive marxienne de l’idéologie. Je m’en tiens à la définition correcte donnée par Destutt de Tracy.

AP : Un des aspects le plus surprenant du livre vise à présenter Marx comme un conservateur dans la troisième partie, un défenseur de l’Etat ; pourriez-vous expliquer cet aspect ?

ML : Il est pourtant notoire que la femme de Marx, Jenny, née von Westphalen, était la fille du ministre de l’Intérieur de la Prusse. Officiellement ce ministre conservateur était censé surveiller les agissements du jeune Marx mais en réalité il financera la famille en lui affectant notamment une bonne dont on ose espérer qu’elle n’était pas exploitée par un « surtravail ».

Naturellement, le ministre n’exigeait aucune contrepartie et Karl, comme on le sait, n’était pas du genre à utiliser l’État pour éliminer l’ombre que lui faisaient ses petits camarades socialistes… notamment ceux qui, comme Moses Hess, son inavouable mentor, refusent de se soumette au diktat de Berlin et prétendent que l’égalitarisme juif est révolutionnaire. Les socialistes vont majoritairement évoluer vers le sionisme, ce qui est inconcevable pour Marx, qui s’oppose au droit de cité des juifs, position que l’on classerait aujourd’hui à l’extrême-droite alors que l’on tient l’anticapitalisme comme d’extrême-gauche. Même si les marxistes se piquent de progressisme, Marx à l’évidence à toujours été réactionnaire et conservateur rejetant les illusions de ce que les marxistes appellent les « libertés formelles » et de la social-démocratie.

AP : Nous avions évoqué au début de notre entretien l’importance du style et de la manière d’écrire ; je dois dire que votre analyse du style des auteurs socialistes pour figurer l’ennemi à défaut de l’exhiber objectivement est remarquable. Vous montrez comment sont convoquées des images saisissantes – hypotyposes – pour marquer les esprits et faire croire à une réalité introuvable. « Pour inventer le capitalisme, il convenait donc de faire image et de se soustraire ainsi à la rigueur de l’observation du capital. »5 Vous parlez également des hypallages nombreux à l’œuvre chez Marx, sorte d’inversions du raisonnement. Pourriez-vous expliciter l’importance des ces figures de style qui contribuent à ce que vous appelez non sans ironie la « poétique du capitalisme » ?

ML : Cette poétique du capitalisme est portée par ce que j’appelle, pour des raisons mnémotechniques, «l’hyhyhyp », c’est-à-dire l’hypotypose, l’hyperbole et l’hypallage. Car, pour l’anticapitaliste, dans le grand capital tout est grand. Tout ce qui est reproduction est accumulation. Tout ce qui est fruit est profit. La figure de proue de cette poétique sera donc l’hyperbole et ses multiples déclinaisons. Dans l’ensemble constitué par la poétique romantique, le mythe du capitalisme se singularise par deux figures, l’hypotypose et l’hypallage. Ces dernières sont les figures de prédilection du socialisme, car elles permettent dans un premier temps de donner à voir de façon frappante ce qui n’existe pas (hypotypose) et dans un second temps d’inverser la réalité (hypallage).

Nous définirons l’hypallage comme la figure de style qui consiste à inverser dans une proposition donnée les propriétés de certains mots pour les attribuer à d’autres. Si j’évoque une descente à ski et que je dis : « La vallée fonçait vers moi à grande vitesse », je fais une hypallage. Si je dis en suivant les keynésiens que « le capitalisme financier est à l’origine de la crise des subprimes de 2008 » et qu’il convient donc de « moraliser le capitalisme en relançant la dépense publique », je commets une autre hypallage puisque, c’est la « moralisation » néosocialiste, en proclamant que le capital appauvrit et que la dette enrichit, qui a provoqué cette crise. Accréditant politiquement cette hypallage, qui n’est pourtant qu’une figure fonctionnant en dépit du bon sens, la communauté scientifique attribue à une dérégulation néolibérale imaginaire les perturbations causées par la réalité des « réglementations » néosocialistes.

En matière de crise financière, le collectivisme ne peut donc échapper au procès qu’en cultivant la fiction capitalisme. Je ne dis pas qu’il faut se passer de métaphores si l’on veut constituer l’économie comme science mais si on en fait usage, il convient de ne pas le dissimuler.

AP : Il y a néanmoins dans votre démarche quelque chose de général qui peut être contesté, à savoir le fait que vous ne sembliez rien accorder de positif à Marx.

Raymond Aron avait déjà montré qu’un très grand nombre de concepts marxistes ne renvoyaient à aucune réalité objectivable, que ce soient la notion de plus-value ou même celle de classes sociales. Pis encore, il avait montré que bien des concepts marxistes étaient dénués d’efficience en tant qu’ils ne pouvaient être mesurés par aucun économiste : tel était le cas du travail social moyen qui échappait à toute mesure. Prenons un exemple. La valeur de la force de travail est la valeur incarnée dans les marchandises dont le travailleur a besoin selon Marx. Plusieurs objections sont possibles : s’il y avait un court écart entre la valeur payée à l’ouvrier et la valeur produite par le travail, alors il y aurait un excès de demande de travail. Deuxième objection plus forte : la notion de valeur de travail est-elle égale à la valeur des marchandises nécessaire à la survie ? On peut le contester. S’il s’agit d’une rémunération physiologique, la proposition est fausse empiriquement parlant. Mais s’il s’agit des marchandises nécessaires à une survie sociale variant avec le temps, la proposition n’est ni vraie ni fausse mais irréfutable, « c’est-à-dire que, quel que soit le niveau du salaire, l’on pourra toujours dire, une fois introduite dans la définition la notion des habitudes sociales, que c’est le minimum compatible avec les habitudes sociales de la collectivité considérée. »6 Mais Aron n’en concluait pas qu’il fallait condamner Marx : « Marx part des formules simples de type ricardien et transforme la signification de ces formules abstraites en leur donnant une signification philosophique ou une signification d’essence. »7. En revanche, quand on vous lit, on ne se dit pas que Marx s’est trompé empiriquement, et a forgé des concepts inefficients ; on se dit, surtout après avoir lu la troisième partie, qu’il fut un plagiaire éhonté, animé de violents sentiments antisémites – d’ailleurs ce que vous décrivez me semble s’apparenter davantage à de l’antijudaïsme qu’à de l’antisémitisme –, à peine capable de recopier des textes antérieurs pour les rendre médiocres. Marx ne permet-il donc en rien d’éclairer le sens des systèmes économiques modernes et contemporains ? N’a-t-il pas saisi sinon l’essence d’un système à tout le moins des éléments décisifs contribuant à l’intelligibilité du monde ?

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ML : J’ai lu attentivement, le brillant Marxisme de Marx d’Aron, qui a le mérite lire Marx dans le texte et de rappeler qu’avant les reconstructions marxistes, il y a bien un texte marxien. Ceci dit, le camarade Aron n’aurait pas dû s’arrêter au milieu du gué et aurait gagné à montrer que le système marxien non seulement diverge de ce que les marxistes en ont fait mais qu’il n’a aucune originalité dans la mesure où tous les concepts sur lesquels il repose on été empruntés : celui de prolétariat à Sismondi, celui d’exploitation de l’homme par l’homme à Bazard, sa théorie de la plus-value à Proudhon, celle de la lutte des classes aux « historiens bourgeois » (Augustin Thierry et Dunoyer), celui d’idéologie à Destutt de Tracy, sa théorie de la valeur à Smith à Ricardo, sa critique du capital à Rodbertus, etc. C’est la raison pour laquelle, je ne cite pas Aron dans ce premier livre du Capital.

Par conséquent, je persiste et signe. Marx ne m’apprend rien. Je n’ai rien trouvé d’original dans sa littérature, à l’exception de son allure poétique qui jette un éclairage fascinant sur le volet social du romantisme allemand et son amitié avec le plus grand poète allemand, Heinrich Heine, exilé comme lui à Paris.

E : Le cas Thomas Piketty

AP : Les médias du monde entier ont récemment fait les yeux doux à Thomas Piketty au sujet de son ouvrage Le Capital au XXIè siècle8. Malgré les erreurs de calcul objectives et exhibées par plusieurs critiques, l’auteur maintient ses conclusions alors même que les éléments essentiels de son argumentation – la variation de la proportion du patrimoine – sont objectivement fautifs. Cela étant établi, vous pouvez vous concentrer sur des éléments relevant d’erreurs intellectuelles contenues dans son ouvrage ; le premier est que la nature du capital n’est jamais interrogée.

ML : Nous avons tous les deux intitulé un chapitre de nos ouvrages respectifs : « Qu’est-ce que le capital ? ». Nous semblons au demeurant partager un souci celui de définir notre objet d’étude. Or, dans ce chapitre, Piketty nous dit surtout ce que le capital ne doit pas être s’il veut accéder à la dignité d’objet statistique.

Sur cette question, le fondateur de « l’École économique de Paris », Thomas Piketty, choisit d’ignorer l’héritage de l’école française en avertissant dans son Capital au XXIe siècle qu’il exclut apodictiquement ce que les économistes appellent « improprement » le capital humain. En reprenant la vérité exprimée simplement par Yves Guyot d’après qui « le capital, c’est l’homme », nous avons écarté la notion de capital humain parce qu’elle est tautologique. Mais l’obsession statistique de Piketty l’éloigne des vérités premières. S’il récuse la notion de capital humain, c’est qu’il entend borner la définition du capital à « l’ensemble des actifs non humains qui peuvent être possédés et échangés sur un marché ».

L’auteur, certes, aime à évoquer Balzac mais, de Charybde en Scylla, du « discours de Vautrin » au « dilemme de Rastignac pour les générations nées dans les années 1790-2030 », voici notre capital réduit à la peau de chagrin de deux lois fondamentales : α = r × β et β = s/g.

Sachant que α note la part du capital dans le revenu national, que r est le taux de rendement moyen du capital, que β traduit le rapport capital/revenu, s le taux d’épargne du pays considéré et g le taux de croissance de son revenu national, l’exercice consiste non pas à s’interroger scientifiquement sur la nature du capital et sur les perturbations interventionnistes qui empêchent sa formation et sa distribution mais de prophétiser que l’inégalité r > g sera « la norme au XXIe siècle, comme elle l’a toujours été dans l’histoire ».

Les jeunes Français, qui aujourd’hui sont de plus en plus nombreux à s’exiler (voilà une donnée statistique qui ne s’embarrasse pas d’équations fantaisistes) parce que l’hyperclasse dirigeante ne leur laisse plus l’espoir de former et de léguer un capital dans l’hexagone, sont stupéfaits d’apprendre dans ce gros volume que r « dans toutes les sociétés et à toutes les époques » correspond à « un rendement moyen du capital de 4 %-5 % 28 » et que par conséquent ils ont tort d’être tentés par l’évasion. La dette française n’est pas due à l’imprévoyance de l’État mais à l’idéologie néolibérale qui le décourage de puiser plus hardiment dans le gisement sans fond des patrimoines afin d’établir le règne de l’égalité.

Dans le livre II du Capital, nous reviendrons en détail sur les études balzaciennes de Thomas Piketty et nous constaterons qu’autant l’homme d’affaires Balzac que l’auteur de La Maison Nucingen – rebelle à la vulgate balzacienne du marxiste Lukács qui inspire Piketty – adhère avec plus d’empressement au mythe de Prométhée qu’à celui du capitalisme. Quant aux « lois du capital » exhumées par Thomas Piketty, nous verrons qu’elles ne sont fondamentales que pour ceux qui vivent de sa prédation.

AP : Vous lui reprochez également de confondre production et reproduction, capital et stock. Et là d’une certaine manière vous retournez l’idéologie (au sens marxiste) contre elle-même car vous montrez qu’une telle confusion a pour effet de laisser à penser « que le législateur peut y puiser en fonction des circonstances et non plus en fonction du droit puisqu’il s’agit d’une manière inerte. »9

ML : Reprenant l’antienne du marxisme pour classes terminale du procès dénoncé comme infernal de la « circulation » et de « l’accumulation » du capital, Piketty confond métonymiquement les produits et le capital qui leur donne naissance, la production et la reproduction, les fondements de l’échange avec la pratique de l’échange. S’il avait pris la peine de faire un peu d’histoire de la pensée économique, il n’aurait pas commis certaines erreurs élémentaires. Par exemple, s’il avait pris la peine de se pencher sur les travaux de l’école française, et notamment sur l’analyse du capital proposée par Charles Coquelin, qui distingue la valeur linguistique du mot capital en français de sa valeur en anglais où sa signification est limitée, dans le système de la langue anglaise, par le mot stock, il n’aurait pas décrété que capital est un «stock », ce qui laisse à penser que le législateur peut y puiser en fonction des circonstances et non plus en fonction du droit puisque, comme stock, le capital est réduit à une matière inerte, taillable à merci.

Je renvoie les lecteurs qui aurait été déçus que je ne perde pas mon temps à réfuter point par point les théories fumeuse de Piketty à l’excellent ouvrage de Jean-Philippe Delsol, Nicolas Lecaussin et Emmanuel Martin, L’Anti-Piketty : vive le capital au XXIe siècle !, éditions libréchange, 2015.

AP : De manière générale, comment expliquez-vous le succès mondial de Piketty et l’engouement médiatique à son égard dans tant de pays ? Et qu’est-ce que cela vous semble dire de l’hégémonie idéologique ? Je maintiens quand même ce terme…

ML : Le lecteur entre de plain-pied dans Le Capital au XXIe siècle de Piketty parce qu’il n’est qu’un ersatz de celui de Marx. Comme Le capital de Marx, celui de Piketty est indigeste, illisible (tout lecteur saute des pages – ce qui prête pas à conséquence puisque l’essentiel est que le pavé trône dans sa bibliothèque – et ne traite que zoologiquement du capital, à savoir comme un monstre, une hydre sans cœur et sans âme).

Thomas Piketty ne tombe pas du ciel. Il doit son succès à une progression de carrière savamment orchestrée et au concours des « libéraux » américains (c’est-à-dire de la gauche américaine qui tient les colonnes du New York times et les grandes fondations). Il est au service des institutions mondialistes et des banques centrales dont il a besoin pour appliquer son programme d’imposition mondiale.

Ce personnage ne m’intéresse pas. Nous ne faisons pas le même métier. C’est un commissaire politique encarté au PS, qui fait valider par ceux qu’il sert ses titres d’économistes. Contrairement à lui, je ne prétends pas faire œuvre d’économiste. Ma seule ambition est de tenter de penser le capital avec ceux qui désespèrent de l’économie à cause d’imposteurs comme Piketty.

Conclusion : l’hermétisme du Capitalisme

AP : Je n’ai pas abordé ce point et pourtant il me passionne. Vous dressez tout un parallèle entre le schéma du Capital et certains éléments ésotériques, dont le vampirisme. A cet égard, vous ne mentionnez pas – sauf erreur de ma part – le livre de Jad Hatem, Marx, Philosophie du mal10 qui place le vampirisme au cœur de son analyse du capital ; est-ce un refus ou un oubli ?

ML : Je ne connaissais pas cet ouvrage. Je ne manquerai pas de suivre votre recommandation et de le lire avant de rédiger le livre III, Théologie du capital. Je suis intimement convaincu que l’anticapitalisme est d’essence satanique, ce qui semble échapper à la plupart des croyants et notamment au pape actuel, adepte attardé de la « théologie de la libération », qui s’est récemment laissé offrir, sans sourciller, par le président bolivien Evo Morales, un crucifix sur lequel étaient cloués la faucille et le marteau !

AP : De manière générale, pensez-vous que l’analogie extrêmement tentante avec le vampirisme et l’alchimie soit volontaire chez Marx ? « Dans son athanor, écrivez-vous, Marx chauffe pour ainsi dire les catégories smithiennes qui ne sont qu’analytiques pour les porter à l’incandescence poétique. Et ce qui était observable devient occulte ; ce qui était clair devient obscur. »11 De la même manière avec le vampirisme : le capital est comme un vampire suçant du travail vivant et sa vie est allègre à mesure qu’il suce davantage. Est-ce là une idée que Marx aurait pu avoir en tête en produisant ses analyses ou est-ce nous qui introduisons dans ses œuvres de telles images ?

ML : Non, nous ne rêvons pas, c’est bien ce qui forme la trame du capital comme je crois le démontrer le dernier chapitre de mon livre : « L’alchimie du Capital ou le capitalisme introuvable ».

AP : Philippe Muray que vous citez abondamment avait pointé le lien entre occultisme et socialisme dans Le dix-neuvième siècle à travers les âges ; pensez-vous comme Murray que ce lien est consubstantiel au marxisme et que ce dernier constitue le développement économico-politique d’un hermétisme largement antérieur ?

ML Oui. Vous ouvrez-là une piste de recherche féconde que je développerai dans le troisième livre. Il me semble que la pensée marxienne s’enracine dans un courant gnostique beaucoup profond, qui privilégie le savoir des initiés et des avant-gardes et méprise le sens populaire capitalien de l’épargne et de la prévoyance. C’est de cette tradition gnostique, pour qui le politique prime sur toute morale métapolitique, fût-ce au prix du sang, que Le Capital de Marx tire l’essentiel de son pouvoir de fascination, la fin dernière de l’eschatologie anticapitaliste étant de détruire le monothéisme, qui repose sur la séparation du divin et de l’humain, de l’être et de l’avoir.

AP : Comment vous situez-vous par rapport aux études qu’Eric Voegelin a fait paraître sur la dimension gnostique du marxisme, notamment résumées dans Science, politique et gnose ?12

ML : Les analyse d’Eric Voegelin sont brillantes et ne négligent pas l’approche économique puisque Voegelin a suivi les séminaires de Mises et d’Hayek mais je dirais que sa définition de la gnose, qui court jusqu’à Joachim de Flore, a une extension qui va bien au-delà de ce que recense saint Irénée de Lyon dans son Traité sur les hérésies. Je parlerais donc plutôt de millénarisme, ce qui est bien suffisant.

Ce qui caractérise la gnose dans les premiers siècles et ses prolongements modernes c’est cette idée que le salut ne s’obtient pas par la seule foi (sola fides) mais par la connaissance initiatique qui fonde la notion d’avant-garde révolutionnaire. Cependant le marxisme étant foncièrement matérialiste, il n’est pas soluble dans la gnose qui rejette l’incarnation et tout ce qui a trait à l’hyle, à la matière physique.

AP : Je vous remercie beaucoup d’avoir accordé ce long et passionnant entretien à notre revue. Je formule à titre personnel, et malgré des désaccords sur le génie de Marx, mon impatience de lire les prochains volumes du Capital.

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  1. Ibid., p. 192
  2. Ibid., p. 208
  3. Ibid., p. 193
  4. Ibid., p. 155-156
  5. Ibid., p. 323
  6. Raymond Aron, Le marxisme de Marx, Paris, Fallois, 2002, p. 456
  7. Ibid., p. 458
  8. Thomas Piketty, Le Capital au XXIè siècle, Paris, Seuil, 2013
  9. Ibid., p. 98
  10. Jad Hatem, Marx, Philosophie du mal, Paris, l’Harmattan, 2006
  11. Michel Leter, Le capital…op. cit., p. 366
  12. cf. Eric Voegelin, Science, politique et gnose, Traduction Marc de Launay, Paris, Bayard, 2004
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Ancien élève de l’ENS Lyon, agrégé et docteur en Philosophie, Thibaut Gress est professeur de Philosophie en Première Supérieure au lycée Blomet. Spécialiste de Descartes, il a publié Apprendre à philosopher avec Descartes (Ellipses), Descartes et la précarité du monde (CNRS-Editions), Descartes, admiration et sensibilité (PUF), Leçons sur les Méditations Métaphysiques (Ellipses) ainsi que le Dictionnaire Descartes (Ellipses). Il a également dirigé un collectif, Cheminer avec Descartes (Classiques Garnier). Il est par ailleurs l’auteur d’une étude de philosophie de l’art consacrée à la peinture renaissante italienne, L’œil et l’intelligible (Kimé), et a publié avec Paul Mirault une histoire des intelligences extraterrestres en philosophie, La philosophie au risque de l’intelligence extraterrestre (Vrin). Enfin, il a publié six volumes de balades philosophiques sur les traces des philosophes à Paris, Balades philosophiques (Ipagine).