Cocktail dînatoire de philosophie médiatique

Un mois de juin dans l’enfer du football

« Je vous hais, footballeurs ! »

P. Desproges

Qu’est-ce que la Coupe du monde de football, camarades ? Un rendez-vous télévisé, dédié au sponsoring, qui revient tous les quatre ans, et durant lequel des millions d’individus simulent une passion mystico-hystérique sans objet véritable pour des athlètes décervelés – et en short ! – se passant l’air morne une baballe en cuir avec leurs pieds. Les médias hexagonaux nous ont accablés, comme à chaque « Coupe », d’un savant et continu harcèlement footballistique à toutes heures du jour et de la nuit. L’intérêt fut d’autant plus aigu que l’événement s’est tenu, cette année – grande première ! – sur le continent africain, et plus précisément en Afrique du Sud ; l’occasion pour les commentateurs footeux d’évoquer le destin exemplaire d’un pays sorti d’un modèle raciste (l’Apartheid) pour se diriger vers le confort moderne d’une démocratie associant toutes les communautés dans un même destin national. Evidemment on s’est bien gardé de parler de la situation réelle du pays en ce qui concerne l’économie, la sécurité, les infrastructures, la corruption, les relations entre les communautés, etc[Pour l’ensemble de ces aspects écoutez notamment Bernard Lugan interrogé par Robert Ménard sur I Télé il y a quelques semaines : [http://www.youtube.com/watch?v=1OEc7J3wip8[/efn_note]. Non, on a plutôt évoqué la figure symbolique et solaire de Nelson Mandela (dont on a pu arborer – à l’occasion – le visage souriant sur un t-shirt en coton fabriqué en chine), et on a fait l’effort de supporter le grondement inqualifiable des « vuvuzelas », ces trompettes en plastique dans lesquelles soufflent sans relâche les supporters sud-africains, et qui ont pourri superbement les retransmissions télévisées de tous les matchs1. (Avez-vous déjà tenté de regarder un match de foot la tête dans un essaim de frelons ?) A ce stade, nous pourrions nous limiter à ce commentaire : le football est un sport qui se joue à 22, le ballon est rond, et à la fin c’est l’Espagne qui gagne…
Mais en France le problème « foot » est un peu particulier. Le pays attendait beaucoup de lébleus. Lébleus nous ont fait rêver en 1998, avec leur victoire en finale de Coupe du Monde contre le Brésil. Lébleus – devenus champions du monde – nous ont singulièrement déçus en 2006, avec leur affligeante défaite face à l’Italie, pimentée par cet inexplicable coup de boule voyoucrate asséné par Zidane au malheureux Materazzi. Bref, tout le monde attendait de savoir si l’équipe française black-blanc-beur, qui ne chante pas l’hymne national au début des matches, pouvait renouveler l’exploit de 1998. Nous n’avons pas été déçus.

Mais nous allons y revenir, car la figure du philosophe médiatique a pointé son nez dans ce fiasco…
Cette Coupe du Monde de foot 2010 a même présenté une particularité médiatique originale : elle a été littéralement prise en otage par les philosophes. Oui, les philosophes ! Le football, discipline sportive populaire et universelle, était certainement un sujet trop sérieux pour être abandonné aux seuls journalistes sportifs… Tant et si bien que le ronron médiatique français autour du foot a pu faire penser à ce très fameux sketch du groupe comique Monty Python, enregistré pour la télévision britannique au début des années 70…

Certes, nos chers philosophes médiatiques (et parfois un peu moins médiatiques) ne courent pas sur le terrain après un ballon, mais leur intérêt pour le football semble n’avoir jamais été aussi grand – au-delà de l’effet d’opportunisme éditorial offert par le Mondial. La passion des philosophes contemporains pour la question du sport (et du corps) n’est certes pas nouvelle. (Par exemple nous reviendrons prochainement, en ces pages, sur le cas du dernier livre en date de Robert Redeker Egobody évoquant cette question, qui intéresse le philosophe de longue date). Mais la soudaine footophilie de nombre d’intellectuels semble révéler un mouvement de mode assommant, ancré dans un désir d’appliquer coûte que coûte les outils de la philosophie aux sujets les plus triviaux, à la vie quotidienne, et aux grandes passions populaires. Bref, de faire de la philosophie une sociologie en habits grand siècle
Aude Lancelin (oui, je sais, misère… je cite encore Aude. Je suis bien conscient du trouble grandissant qu’elle produit en moi) est revenue sur le phénomène dans un très long article du Nouvel Observateur publié le 3 juin dernier sous le titre « La philosophie dans le vestiaire ». Un papier accompagné de l’hallucinante illustration suivante, qui est un photomontage affreux qui devrait valoir à son auteur une longue séance de torture corporelle à la flamme bien moyenâgeuse.

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Debout, de gauche à droite: Mathias Roux, Ollivier Pourriol, Jean-Claude Michéa, Jean-François Pradeau, Alain Finkielkraut et François Bégaudeau Au premier rang: Pascal Boniface, Paul Yonnet, Pierre-Louis Basse, Gilles Vervischet Toni Negri

Le montage nous monte, juchés sur des corps d’athlètes, les visages d’un certain nombre d’auteurs plus ou moins connus du grand public, ayant porté un intérêt non anecdotique au foot ces derniers mois. Jean-François Pradeau, spécialiste de Platon ayant épousé récemment la cause du peuple en entrant au cabinet de Nathalie Kosciusko-Morizet, a ainsi publié l’essai Dans les tribunes (Les Belles Lettres, 13 euros), qui est selon Lancelin « un vibrant éloge du supporter qui ne manquera pas d’atterrer ses pairs. » Le stade est à ses yeux un « culte à mystères » donnant accès à une expérience morale et érotique singulière. La température corporelle de Ribery vient de gagner quatre degrés Celsius !
Gilles Vervisch, agrégé de philosophie, 36 ans, fait paraître – pour sa part – un traité du foot titré De la tête aux pieds (Max Milo, 14,90 euros). De l’autre côté du terrain, Mathias Roux, normalien et agrégé de philo lui aussi, qui joue dans un club amateur au poste d’arrière latéral, publie Socrate en crampons (Flammarion, 16 euros). Son idée étant, sur la base de la finale du Mondial 2006 (celle du tragique « coup de boule »), d’aborder les grands concepts qui traversent l’histoire de la philosophie.

Pendant ce temps là Pascal Boniface s’attaque au gros dossier de la « main » de Thierry Henry commise en novembre 2009, lors du match France-Irlande (qualificatif pour le Mondial 2010) : le joueur fit une passe décisive à William Gallas permettant l’égalisation salvatrice de Lébleus ; mais ce geste fut entaché d’une faute évidente, une « main », vue par tout le monde, à l’exception des arbitres, qui ont fait mine d’ignorer celle-ci… Dans le foot, comme dans la philosophie du foot, plus c’est gros, plus ça passe !

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La main coupable de Thierry Henry, qui a déclenché la passion des philosophes

Dans Pourquoi tant de haines ? (Ed. du Moment, 9 euros), Boniface revient – avec le plus grand sérieux – sur cette affaire qui a fait couler énormément d’encre, et conduit aux commentaires publics les plus douteux. Le sage aligné de l’IRIS, voyant dans cette polémique – consécutive à une véritable erreur d’arbitrage – un acharnement racial contre « le petit gars de la Désirade et des Ulis ».

Ollivier Pourriol, philosophe breveté, proche de la quarantaine, s’engage de son côté dans la défense des mauvaises manières… Dans Eloge du mauvais geste (NiL, 13,50 euros) il s’intéresse à l’affaire du « coup de boule ». Je ne reviens pas sur cette catastrophe industrielle et morale, car au fond il n’y a plus grand-chose à en dire, si ce n’est que l’ancien capitaine de l’équipe de France a été inélégant et brutal… Zidane, est comparé – dans ce livre – à Achille, le guerrier de « l’Iliade » homérique. A propos de la « main » de Thierry Henry, c’est Sartre qui est convoqué. Aïe…

Mais la Coupe du Monde de football 2010 a donné l’occasion à d’autres philosophes plus « exposés » d’exprimer leur passion du ballon rond… à commencer par Alain Finkielkraut en personne, qui a pu largement donner son avis sur le fiasco de l’équipe de France, éliminée particulièrement tôt de la compétition, dans l’ambiance et le fracas d’un chapiteau de Cirque Gruss agonisant… Invité à la matinale de France Inter, le 21 Juin 2010, au micro de Nicolas Demorand, le philosophe donne ainsi son analyse sans concession2 : voyant dans Lébleus rebelles des voyous s’exprimant dans le sabir des cités, et parlant de « génération caillera ». (Finkielkraut s’exprimant à partir de 6 minutes)


Crise du football français
envoyé par franceinter. – Regardez les dernières vidéos d'actu.

Mais après ce commentaire intransigeant concernant la crise de l’équipe tricolore, le penseur le plus bavard de France ne s’était certainement pas apprêté à affronter en personne l’immense écrivain François Bégaudeau, qui est non seulement un farceur à l’atterrante gravité, mais aussi un philosophe fort amusant. Un blagueur : en 2008, peu après la sortie du film Entre les murs, adapté de son roman éponyme, il avait fait croire à toute la presse sa volonté de racheter le Football club de Nantes, dont il est un ardent supporter. Passionné de sport, Bégaudeau s’est naturellement vu confier par le journal Le Monde une chronique titrée « Viril mais correct » dans laquelle notre polisson assermenté de la gauche la plus régulière donne son avis crucial – emprunt d’une si précieuse sagesse humaniste ! – à propos de l’actualité footballistique. Un billet lui permettant d’étaler sa philosophie du ballon rond…
Le farceur s’est trouvé fort dépourvu face à la ridicule comédie burlesque que lébleus ont jouée en Afrique du Sud, lors de la Coupe du Monde… Bibi-Fricotin dut trouver une explication logique à ce sombre désordre, polir un « angle » journalistique original, pourfendre ces philosophes réacs – cristallisés autour de la figure diabolique de Finkielkraut – qui ont eu la tendance dégueulasse à appeler un chat un chat, et un voyou un voyou. Bégaudeau dut, en somme, tenter de justifier le comportement carnavalesque de ces atroces « Bleus » médiocres, vulgaires, et parfaitement inexcusables. C’est l’exploit qu’a réalisé notre poulain, dans une chronique publiée en juin dernier dans les pages du journal vespéral. Selon Bégaudeau il faut donc cesser d’accabler ces malheureux joueurs qui se comportent comme des petites frappes décervelées, mais « oser » s’interroger sur la non-adaptabilité (imaginaire ?) de l’encadrement du foot français à des joueurs issus de mondes socio-culturels différents.

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Coupure de la chronique de François Bégaudeau, du 23 juin 2010 dans Le Monde

Mais écoutons plutôt l’entêtante prose de ce philosophe qui sait plus que quiconque penser-en-rond : « Depuis vingt ans, la baguette a été confiée à des quinquagénaires prénommés Aimé, Roger, Jacques, Raymond ou encore Robert (comme Duverne), tous rejetons d’une France ouvrière et rurale dont la nostalgie se donne aujourd’hui de Gaulle pour nom de code. Très clairement, ceux-là ne savent pas faire avec le prolétariat de banlieue qui peuple aujourd’hui les clubs. » Oui. Voilà. La vieille France profonde et ouvrière. Roger. Raymond. C’est dit. Enfin non, pas vraiment. La partition de lébleus serait ainsi émaillée de couacs déplaisants car l’entraîneur ne serait pas tout à fait un black ou un beur, âgé de 22 ans (et écoutant du rap dans son Ipod) ?

C’est donc vers cette logique que s’oriente cette navrante réflexion philo-footballistique ? Misérable duplication, soit dit en passant, d’une paresseuse pensée pédagogiste voulant que les profs s’adaptent continuellement aux élèves. Demain les entraîneurs devront-ils aussi s’adapter aux incivilités chroniques de joueurs grossiers et mieux payés qu’eux ? Gageons qu’il s’agit seulement d’une nouvelle facétie provocatrice de ce sympathique farceur de Bégaudeau, qui va pourtant devoir supporter encore quelques années – douloureusement, on l’imagine ! – la présence à la tête de l’équipe de France d’un entraîneur face-de-craie ; un certain Laurent Blanc, successeur désigné de Raymond Domenech. Tout blanc. Même pas musulman converti.
Affaire à suivre. Il est d’ailleurs largement temps, pour le débat intellectuel, de passer à autre chose… Dans la galaxie foot des têtes sont tombées, et l’avenir est radieux. Limitons-nous à ce commentaire : le football est un sport qui se joue à 22, le ballon est rond, et à la fin ce sont les philosophes qui perdent.

Un mois de juin à l’ombre des marronniers

Difficile d’échapper, en juin, au marronnier de presse du bac de philo. Nous en avons déjà parlé, ici-même, il y a quelques temps. Chaque année, les médias ne manquent pas l’occasion de nous narrer les états d’âme des candidats siiii angoissés à l’idée de passer les épreuves, de nous exposer les grognes diverses des parents d’élèves devant supporter l’hystérie de leurs rejetons, et de nous livrer les griefs des malheureux enseignants ayant en charge la correction des épreuves.


Bac de philo : "Laisser parler le talent"
envoyé par lemondefr. – L'actualité du moment en vidéo.

Cette année, le bac de philo n’a pas fait exception à la règle… le niveau général était aux petits oignons. Plusieurs honorables correspondants, ayant eu la charge de corriger des copies du bac, ont eu la gentillesse (et le bon goût) de me faire parvenir quelques perles de culture glanées au gré de leurs corrections. On peut trouver tout un tas de réjouissantes défaillances… grammaticales, syntaxiques, logiques, ayant trait aux références philosophiques, etc. Dans ce florilège, l’orthographe d’origine a été conservée.

Ainsi, parait-il… « Les sciences sont des vérités qui sont indiscutable. Par elles sont établient des desmonstrations rigoureuse, ne faisant appele à aucune contradiction. C’est une doctrine ne pouvant fait appele à la raison, car elles se basent sur des faits reelles montrant la probable certitudes du future. » Au placard la raison !

Ailleurs, on lit… « pour une action soit juste et conforme aux lois légitimes de la société, celles-ci doit être réalisées puis approuvé ou désapprouvé ». Bien malin celui qui comprendra…

« Alors ces livres aura pour valeur une injustice et devra être punie en étant éliminés. » Vite, un autodafé de copies ! Non, plutôt un autodafé de candidats !
« Les homme doives vouloirent etre altruiste » Encore une adolescente qui a trop lu Michel Onfray. Pardon, je voulais dire Guillaume Musso. Euh non… Marc Levy.
« C’est ce que tente de nous faire comprendre Léviathan Hobbes, dans son texte éponyme. » Monsieur Léviathan Hobbes étant né, ayant vécu, ayant écrit et étant mort. Paix à son âme. Quant à son frère Béhémoth Hobbes, il ne va plus très bien…

« Epicure est un philosophie qui considérait le bonheur comme plaisir, c’est l’hébénisme. » Orientation demandée en conseil de classe : CAP d’ébéniste !

Dans le style je cite sans honte Diam’s, Francis Cabrel ou ma concierge dans ma copie de philo : « L’homme doit donc apprendre à sélectionner ses désirs, à les classer afin de ne garder que l’essentiel, apprendre à se contenter de peu pour être heureux. « Il en faut peu pour être heureux », Baloo (Walt Disney, le livre de la Jungle). »

Il y a aussi les élèves nageant en pleine confusion mentale, adeptes de la contradiction comique : « la définition kantienne du beau est : le beau est ce qui plait universellement. Il n’y a donc pas de beauté universelle. » Baââm !

Tiens… la fille de Martine Aubry nous parle de sa théorie du Care… « le bonheur nous permet d’être heureux. » Tandis que le malheur a tendance à nous rendre malheureux ! Et les courants d’air à faire froid dans le dos.
Et puis un candidat souffrant d’une déficience mentale légère a tenté sa chance cette année. Il a écrit : « cette doctrine serait toute suite débattue, car elle interferait avec les intérêts des hommes, elle pourrait être brûler des livres de géométrie pour le bien de tous le monde. » Le chef de service psychiatrie du CHU de Besançon, 30 ans de service, lui-même, n’a pas compris.
Devant un tel déluge de subtile créativité, qui a littéralement traumatisé mes honorables correspondants, il convenait naturellement de s’interroger. Les correcteurs, cette année, ont d’abord protesté – avec une fougue syndicale qui fait plaisir à voir – contre le temps qui leur était imparti pour absorber une telle quantité de « substantifique moelle » intellectuelle de l’époque.

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Le site web du quotidien Ouest-France se fait le relai de l’inquiétude des enseignants de philosophie quant au délai de correction des copies du bac.

Puis, petit coup de tonnerre, le journaliste Emmanuel Davidenkoff, directeur de la rédaction de la revue L’Etudiant a mis les pieds dans le plat en publiant une tribune titrée « A propos de la correction des copies de philo du bac », (Libération, 15 juillet).

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Emmanuel Davidenkoff s’attaque au bac de philo, dans Libé.

Le papier de Davidenkoff fait suite à une enquête publiée par sa revue… Libé revient sur le contexte de l’affaire : « Faire corriger une même copie de philosophie par dix enseignants. Constater non seulement un écart de notation important (de 6 à 13) mais aussi, mais surtout, relever des divergences d’appréciation majeures – ici, l’élève aurait «renoncé, devant la difficulté à penser la philosophie critique de l’opinion, à traiter le sujet», là, «le sujet est assez bien compris et problématisé». Cette expérience (a été) menée voici quinze jours par Létudiant.fr [ [http://www.letudiant.fr/examen/baccalaureat/corriges-et-sujets/notation-du-bac-philo-une-loterie.html [/efn_note]. Répondant à des objections publiées dans les pages du quotidien, le journaliste à l’origine de cette enquête répond sans ambages… « On touche là au cœur de la singularité de la philosophie, seule discipline scolaire à demander aux élèves non pas des connaissances organisées mais « l’invention d’une solution ». Cette singularité est précieuse, féconde, on pourrait même souhaiter la voir s’étendre à d’autres matières tant elle porte de promesses d’émancipation intellectuelle, de déploiement de l’esprit critique. Mais voilà, les autres disciplines, plus humblement, considèrent qu’avant d’inventer des solutions, il convient d’avoir appris et d’être capable de restituer de manière intelligente et organisée. » C’est peut-être donc des autres disciplines que la philosophie scolaire devrait s’inspirer, afin de donner aux élèves des outils pour penser non pas avec orthodoxie – évidemment – mais en évitant le ridicule ? Quant à la syntaxe, la grammaire, l’orthographe… ne convient-il pas de s’interroger sur le travail des professeurs de français, réalisé en amont ?

Bonus : Philosophie Magazine à présent rentable

Dans l’univers sinistré de la presse française, les succes story sont à signaler. Ainsi, contre toute attente, le mensuel Philosophie Magazine, lancé en 2006, est à présent rentable. Oui, rentable ! Comme une compagnie pétrolière ou un réseau de narcotrafiquants ! Publication indépendante, cette revue grand public a non seulement trouvé son public (allant des amateurs de philo aux étudiants, en passant par les bacheliers avides de « fiches révision »), mais épouse des stratégies de diversification adoptées par la plupart des grands groupes de presse (en déclinant, par exemple, la « marque » Philosophie Magazine en conférences, colloques, prestations diverses, etc. ) Le quotidien économique Les Echos revenait sur cet étonnant succès dans ses pages médias le vendredi 2 juillet dernier.

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Le journal Les Echos revient sur le succès de Philosophie Magazine.

« Il y a une vraie demande de réflexion sur le sens du travail, la motivation, l’éthique dans l’entreprise. (…) Nous sommes de plus en plus sollicités par des comités d’entreprise et des dirigeants souhaitant organiser des conventions ou des conférences pour leurs salariés » déclare aux Echos Fabrice Gerschel, fondateur de la revue.

La publication, tirée environ à 50.000 exemplaires par mois, a décroché en avril 2010 le Prix du Syndicat de la Presse Magazine et d’Information. Organisé comme un news magazine traditionnel (avec des rubriques, des brèves, des dossiers répondant à l’actualité, etc.), Philosophie Magazine tient peut-être son succès à une certaine vulgarisation de qualité, reposant sur une équipe d’auteurs mêlant journalistes et philosophes « professionnels ». Un cocktail amusant où un dossier sur Descartes peut voisiner avec des réflexions générales sur l’époque (articles sur l’Ipad ou l’affaire Zahia dans le dernier numéro par exemple). Un mélange des genres qui en agacera certains, mais en distraira d’autres…
A quand une station de radio FM dédiée à la philosophie, avec de vraies « Grosses Têtes » et des bulletins d’information horaires consacrés aux colloques philosophiques du jour ? A quand une chaîne de télévision sur la philosophie, avec des programmes de télé-réalité impliquant Alain de Libéra, Michel Onfray et Jean-Luc Marion enfermés dans une « Ferme célébrité » spéciale « philosophes » ? De l’audace ! Puisque la philosophie semble faire le succès de certains médias… Philosophie Magazine rentable ! A quand la philosophie elle-même rentable ?

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  1. Vuvuzela : un mot qui entrera peut-être bientôt dans le Petit Larousse car il est d’origine Zulu, et qu’il est parfaitement injuste qu’il y ait si peu de mots Zulu dans la langue française ! « Un groupe de linguistes internationaux a voté majoritairement (75%) pour que le terme « vuvuzela » soit inscrit dans le langage universel. Le nom commun devrait faire son entrée dans les dictionnaires du monde entier. » (Le Parisien du 13/07)
  2. On s’amusera des mimiques et de la gestuelle de M. Finkielkraut sur un sujet si crucial…
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